Analyse de l'action de Camille Flammarion dans l'étude des Hantises - Octobre 1923

(Revue Métapsychique N°1 – janvier-Févier 1924)

 

Analyse du Discours de la Présidence de la S.R.P.

 

Octobre 1923

 

Les Maisons Hantées

Camille Flammarion

 

 A la fin de sa trilogie La Mort et son mystère, M. Camille Flammarion avait annoncé qu’il avait encore une quantité de documents non utilisés, notamment sur les maisons hantées, les apparitions de défunts au lit des mourants, les fantômes sûrement vus, les manifestations posthumes historiques, etc., et qu’il les réservait à des publications ultérieures. « Je tiens aujourd’hui une partie de cette promesse, dit le vénérable auteur, celle qui concerne les maisons hantées, sujet qui est en lui-même beaucoup plus complexe et rigoureusement observé qu’on se l’imagine. J’ai eu toutes les peines du monde à condenser ces faits importants en un seul livre, et je les soumets avec confiance à l’attention scientifique et philosophique des lecteurs. »

 

M. Flammarion aurait eu moins de peine à condenser sa matière s’il s’en était tenu aux phénomènes de hantise proprement dits. Ce qui caractérise ces phénomènes c’est la liaison étroite avec un lieu, maison ou endroit de l’espace. Or l’auteur a rapporté un grand nombre de manifestations fantomatiques qui n’ont rien à voir avec les hantises, telles que les « hallucinations télépathiques » et phénomènes d’ « esprits tapageurs ». Si l’on veut arriver à y voir clair dans l’immense domaine de nos études, il est indispensable de faire d’abord des classifications rigoureuses fondées sur l’analogie des caractères extérieurs. Toute science de la nature commence par là. Il est vrai que Camille Flammarion a surtout en vue la vulgarisation et que les considérations de méthode sont  pour lui secondaires. L’autorité universelle dont il jouit comme évangéliste de la science nous rend néanmoins sa collaboration infiniment précieuse.

M. Bozzano a déjà publié sur les hantises un ouvrage complet et raisonné. Camille Flammarion y a fait de larges emprunts mais il y a ajouté beaucoup de cas tirés de ses dossiers personnels. Au début il a présenté un groupe de phénomènes qui a son intérêt à cause de la preuve ; celui des maisons hantées qui ont fait l’objet de constations judiciaires. De ce nombre est le cas de la rue des Noyers dans lequel les vitres d’un appartement habité étaient brisées par des projections extérieures de morceaux de charbon de terre et de bûches à demi brûlées. L’enquête de police ne donna rien du tout et le locataire obtint en justice la résiliation de son bail après constat d’huissier. Une jeune fille devait être le médium inconscient de ces farces métapsychiques. De toute façon ce n’est pas là un cas de vraie hantise. Il en est de même du cas de la rue des Grès qu’on trouve dans Bozzano (avec des différences assez sensibles dans les textes, dues sans doute à une retraduction de l’italien en français), mais qu’on trouve auparavant dans le grand ouvrage de Mirville. Le dernier cas cité est de septembre 1921 et a été communiqué à C.F. (Camille Flammarion) par un pasteur de l’Ardèche. Il s’agissait de pierres qui tombaient à toute heure du jour sur la maison d’un cultivateur et le suivaient même dans les champs. On ne les voyait que lorsqu’elles touchaient l’obstacle. Elles passaient par des fentes très étroites. Pendant les quatre mois que dura le phénomène il fut impossible de découvrir une supercherie quelconque.

 

Avec le cas bien connu du château du T. en Normandie (1876), nous entrons dans la catégorie des vraies hantises. La maison hantée de la Contantinie (Corrèze) est aussi très connue, ayant fait l’objet de rapports de Rochas et Maxwell. Le cas très intéressant de M. de Homen-Christo (1919) a été relaté dans les Annales psychiques, puis avec plus de détails, dans un ouvrage personnel : Le Parc du Mystère, l’an dernier. Il s’est passé à Coimbre et a été confirmé par un certain nombre de témoins. Il consistait en malices d’un être invisible qui fermait les portes et les fenêtres, faisait du bruit, riait aux éclats, passait à travers les obstacles, donnait des claques et alla même jusqu’à enlever l’enfant de M. de Homen-Christo dans son berceau pour le transporter dans un autre lieu.

 

Essayant d’expliquer ces phénomènes, C.F. n’invoque le spiritisme qu’avec prudence. « Les facultés de l’être humain agissent, dit-il mais elles ne suffisent pas pour expliquer certaines manifestations posthumes… Ne perdons pas de vue les facultés physiologiques de l’être humain, les dédoublements possibles. » En terminant, le vénérable écrivain répète ce qu’il n’a cessé d’affirmer depuis plus d’un demi-siècle : « l’explication purement mécanique de la nature est incomplète ; il y a dans l’Univers autre chose que la prétendue matière. Ce n’est pas la matière qui régit le monde : c’est un élément dynamique et psychique. »

 

M. Camille Flammarion a comme on le sait, été élu président de la S.P.R. anglaise pour cette année. Dans son discours d’installation qui a paru dans les Comptes rendus de la Société, (part. 89, vol. 34) , il rappelle ses souvenirs de psychiste, qui remontent à sa plus tendre enfance. De bonne heure il comprit que tout était dynamisme. « Le dynamisme cosmique régit les mondes… Le dynamisme vital régit les êtres : dans l’homme évolué, le dynamisme psychique est constamment associé au dynamisme vital. Au fond, tous ces dynamismes n’en font qu’un : c’est l’esprit dans la nature, sourd et aveugle pour nous dans le monde immatériel et même dans l’instinct des animaux, inconscient dans la majorité des œuvres humaines, conscient dans un petit nombre ». L’auteur montre que l’étude de l’astronomie est la meilleure leçon d’idéalisme et que la science du ciel nous prépare à la science de l’âme. «La pluralité des mondes habités pose devant notre pensée en même temps que le spectacle de la vie universelle le problème de la pluralité des existences de l’âme ». Toutefois, pour C.F. la réincarnation sur la terre et sur d’autres mondes est probable sans être démontrée. A la fin de cette haute profession de foi, C.F. résume les déductions qu’il a tirées de ces innombrables observations et qui constituent une adhésion complète à la théorie spirite. Mais il demeure muet sur le problème du bien et du mal et refuse avec raison de mêler la morale à la science.

 

 



26/01/2007
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