Philosophie médiévale : l'Univers est un tout

PHILOSOPHIE MEDIEVALE : L'UNIVERS EST UN TOUT

 

 

Au moyen-âge l'universitas est un cosmos d'une éclatante beauté dont la splendeur est telle, que certains auteurs comme Arnaud de Bonneval, reprenant la pensée de Guillaume de Conches, vont refuser l'idée du chaos primitif auquel fait allusion le livre de la Genèse chapitre I verset 2  "Or, la terre n'était que solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme". Cette conception harmonieuse du Comos est partagée par des penseurs comme Gerhoch de Reicherberg dans son livre De aedificio Dei, Hugues de Saint-Victor, Arnaud de Bonneval. Ces auteurs se réfèrent au thème suivant développé par Platon dans le Timée : "Donc le Dieu, ayant décidé de former le monde le plus possible à la ressemblance du plus beau des êtres intelligibles et d'un Être parfait en tout, en a fait un vivant unique, visible, ayant à l'intérieur de lui-même tous les vivants qui sont par nature de même sorte que lui." C'est ce que la théologie qualifie de "monothéisme grec", c'est-à-dire l'idée d'un Dieu Unique et transcendant, peut-être influencée par l'Orient en général et les Hébreux en particulier.

 

Honorius Augustodunensis dans son ouvrage Clavis Physicae donne les clés des mystères de la nature et de ses secrets "La Clavis est une explication de ce monde mystérieux et changeant des apparences sensibles à la lumière de la contemplation des plus hautes vérités qui révèlent l'ordre divin du Cosmos." Macrobe auteur antique parle de l'Unité qui ne convient qu'à Dieu. Il évoque aussi les deux autres hypostases de la triade néoplatonicienne : Intelligence (NOUS) et Ame du monde.

Guillaume de Conches à fait l'éxégèse de ce texte il dit : "ce n'est pas seulement à l'intelligence divine que convient l'unité mais à l'Ame du monde, en laquelle certains voient le Saint-Esprit."

 

Hildegarde de Bingen, véritable esprit universel, fait allusion à la symphonie de l'Esprit saint et perçoit le chant des créatures, leur allégresse et leur jubilation.

 

Au XIIe siècle existe une opposition entre deux types de pensée. Le premier groupe souhaite observer l'univers d'un façon rationelle, pour ce faire, il utilise les ressources du Quadrivium et la lecture des ouvrages qui ouvrent l'esprit à de nouvelles perspectives. Le second groupe représenté par des personnalités comme Absalon de Saint-Victor, récuse toute recherche jugée intempestive.

Les moines pour leur part ont une attitude intermédiaire, ils sont de vrais philosophes lorsqu'ils contemplent la Nature et louent sa beauté qui rend gloire à Dieu comme dit le psalmiste. A la fin du XIIè siècle, on redécouvre la science à travers les oeuvres d'Aristote et de la civilisation arabe, civilisation tri-partite qui est musulmane, juive et chrétienne. Cette redécouverte est fondamentale pour l'histoire de la science en Occident. Guillaume de Conches va s'insurger contre ceux qui s'abritent derrière l'autorité de la Bible et qui ne veulent pas étudier les causes et l'origine des phénomènes de la Nature. Guillaume de Conches dit qu'ils veulent conserver "une croyance privée d'intelligence". En fait la Bible n'est qu'un prétexte à l'obscurantisme de certains, étant donné que par exemple pour les Juifs de l'époque, le Livre des livres est source de lumière et d'intelligence. Il y aura d'un côté les intellectuels qui vont peu à peu désacraliser la nature, de l'autre, les intellectuels qui voudront à sauvegarder sa propre unité sacrale. Il y aura les sages qui trouveront l'équilibre entre ces deux partis extrêmes.

 

 

La Nature est telle un grand livre... Ici un arbre qui semble nous paler, Bosquet Sacré - Palmyra - Etat de N.Y. (USA)

Pour l'homme médiéval, la Nature est telle un grand livre écrit dans un langage qu'il faut savoir déchiffrer, c'est au moyen de l'amour que l'homme pénètre les secrets du Cosmos.

La Création, depuis les anges, les élémentaux, et autres créatures spirituelles, en passant par les minéraux, le monde animal et l'homme, ne se révèle qu'à ceux qui sont en harmonie avec elle. Comme le dit Marie-Madeleine Davy : "Ce n'est pas le savoir mais la simplicité du coeur, la philosophie en tant que sagesse qui permettent de discerner la hiérarchie des créatures, leur préséance ontologique, afin de pouvoir reconnaître les signes à travers leur présence, les parfums, les chants, les voix des diverses créatures. C'est alors que la Terre devient un Eden, un paradis d'amour et de lumière... Les hommes du XIIème siècle possédaient cet amour cosmique, pas tous bien entendu, mais ceux qui nourrissaient dans leur coeur l'amour de la Sagesse créatrice et recréatrice en apportant à tout l'univers leur propre transfiguration."

L'homme du XIIe siècle était un écologiste au sens le plus profond du terme, non pas en tant qu'idéologie, mais en tant que "sensitivité".

 

Arthur de Camelot



17/03/2007
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