Conan Doyle, Sherlock Holmes les Mormons et la Franc-maçonnerie
Sir Arthur Conan Doyle présente ses excuses pour sa fausse représentation des Mormons semblables à des bandits dans la toute première histoire de Sherlock Holmes
"une étude en rouge"
par
Adama
En 1887, les lecteurs britanniques et ensuite du monde, découvrent la première histoire de Sherlock Holmes, qui rencontre une immense popularité à Londres et dans le reste du Royaume Uni.
Le roman fustige l'intolérance des membres de l'Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers jours, et souligne le côté obscurantiste et superstitieux qu'auraient les Mormons. Arthur Conan Doyle bascule dans l'anti-mormonisme avec cette histoire des aventures de Sherlock Holmes et de son fidèle Dr Watson.
Les lecteurs britanniques, retiennent du roman, que les Mormons possèdent une armée secrète appelée Danites, ou « anges de la vengeance » sévissant en Utah, qui n'hésitent pas à assassiner les apostats, à soutenir la polygamie parmi les Mormons sous peine de mort en cas de désobéissance. La plupart des lecteurs sont confortés ainsi, dans le fait que le Mormonisme est une affreuse secte, pratiquant le meurtre sur commande, pour qui n'est pas dans le droit chemin.
La réalité est très différente, les Danites ont bien existés, ils étaient commandé par Orin Portam Rockweel qui fut le garde du corps personnel du Prophète Joseph Smith, Rockweell avait été initié à la Franc-Maçonnerie à Nauvoo. Les Danites opposeront une grande résistance à l'armée fédérale venue « exterminer » les Mormons en Utah en 1847. C'est grâce à eux, qu'un véritable génocide fut évité. Puis après cette « guerre d'Utah », le corps des Danites seront dissous. Il est vrai que comme dans tout corps constitué militaire, des bavures furent commises, mais ce n'était pas des « meurtres organisés » mais le fait d'individu agissant de leur propre chef, et poursuivi après par la Justice d'Utah.
Le roman fera que Conan Doyle aura mauvaise réputation parmi le peuple Mormon, et ces livres et études seront en conséquence, « mal vu » par la plupart des Saints des Derniers Jours de l'époque, en réaction contre son livre.
Sir Arthur Conan Doyle, va vite prendre conscience qu'il a provoqué l'animosité des Mormons, la popularité qui l'acquiert avec les romans de Sherlock Holmes, et qui monte en flèche, l'amène à réfléchir quant à ces faits concernant les Mormons.
Mais quelque chose va arriver, qui va calmer les esprits, des deux côtés, à la fois chez Conan Doyle, cela ne vient pas d'un nouveau roman, Doyle semble contrarié par ce qui se passe à l'époque avec les Mormons, et ne sera pas inspiré pour écrire un nouveau roman mettant en scène Holmes et le Dr John H. Watson, en revanche, une doctrine à laquelle s'intéresse Doyle, va réconcilier les deux partis : le spiritualisme.
Peu de temps après son adoubement par le Roi d'Angleterre en récompense de ses travaux littéraires, qui force l'admiration du monde, Sir Arthur en Mai 1923 décide de se rendre pour la deuxième fois aux Etats-Unis, et il décide de se rendre dans la capitale du Mormonisme mondial : Salt Lake City et de visiter l'état « mormon » l'Utah.
Il est annoncé en la Nouvelle Sion (Salt Lake City) par le journal de Salt Lake « The Telegram » comme « clairvoyant britannique éminent, parlera sous les auspices de l'Université d'Utah, au sujet des phénomènes psychiques et de ses efforts à long terme pour obtenir les preuves réelles des communications avec « ceux qui sont partis de cette sphère mortelle ».
En 1991, le juge de Salt Lake City Michaël W. Homer, membre de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et « Sherlockian » passsionné, membre de la Société d'Arthur Conan Doyle, rencontra la fille de l'illustre Sir Arthur Conan Doyle, Madame Jean Conan Doyle qui lui déclarera : « Vous savez, mon père était le premier à admettre que son premier roman de Sherlock Holmes était plein d'erreurs au sujet des Mormons », et plus loin « lors de notre séjour en Utah, mes frères Denis, Adrian et moi-même étions très préoccupés, nous avions pensé que nous serions enlevés par les Mormons. Nous étions tous soulagé lorsque nous avons découvert que le peuple était amical.
Madame Jean Conan Doyle avait alors 10 ans et ses frères avaient 14 et 12 ans.
Arthur Conan Doyle devait parler dans le célèbre Tabernacle des Saints des Derniers Jours à Salt Lake City. Il sera même présenté par Levi Edgar Young, professeur en histoire occidentale à l'Université d'Utah et autorité générale mormone.
Quelques années plus tard, un journaliste du « Salt Lake Tribune » demandera à L.E. Young comment Doyle avait pu recevoir un si excellent accueil en Utah, après les « ravages » de son livre Scarlet ou l'Ecarlate en Français. Il répondra au journaliste : Il a fait des excuses pour ce roman, et qu'il avait été trompé par des textes fallacieux au sujet de l'Eglise ».
Si Arthur Conan Doyle a été défié, et critiqué par différents différents membres de l'Eglise mormone, il n'a jamais été critiqué par la Première Présidence, autorité suprême de l'Eglise de Jésus-Christ.
Dans les attaques contre Doyle, il faut signaler celle de Charles W. Nibley, membre de la première Présidence et Evêque mormon, dans une lettre apparaissant dans le « San Francisco Chronicle » du 5 Juin 1923, je cite :
« Plutôt que de nous appeler étroits d'esprit et intolérant, nous avons permis sa conférence, et Sir Arthur (sic) à Salt Lake City a touché pour sa prestation plusieurs milliers de dollars. Je pense qu'il n'a pas hésité à prendre l'argent mormon alors qu'in nous a attaqué tellement amèrement en son livre une étude en rouge éditée tôt dans sa vie. » Plus loin il est dit « A Sir Arthur (sic) et son ectoplasme, il est le produit de séances faiblement éclairées, je réponds que la seule lumière qu'il a découverte est née de l'obscurité et non de la lumière » .
Dans la même édition du Journal de San Francisco, Conan Doyle répond :
« J' ai le plus grand respect pour les mormons, qui m'ont traité très libéralement en me permettant d'employer leur Hall, et en conséquence, je suis encore plus désolé qu'un membre qui est Evêque parmi eux, devait écrire un tel rapport peu charitable et faux… Il dit que j'ai touché à Salt Lake City plusieurs milliers de dollars de la part de riches mormons. Je n'ai jamais pris un cent, dans ma vie, pour n'importe quel travail que j'ai effectué dans le domaine du spiritualisme. J'ai confiance que cet Evêque Nibley présentera des excuses pour ses impressions, que je considère comme un rapport mal renseigné et venant d'un homme peut charitable, et qui n'est pas représentatif des amis à moi, que j'ai laissé à Salt Lake City»
Après des recherches effectuées en 1991 par Michaël Homer, il publiera un article dans le journal de la Société d'Arthur Conon Doyle selon lequel il n'existe aucun texte d'excuses de la part de Nibley.
Après sa conférence de Salt Lake City, le jour suivant, Sir Arthur Conan Doyle et son épouse seront invités d'honneur à un déjeuner organiser par le club d'Alta, où étaient présents 40 personnes représentatives de la communauté mormone, et de l'Utah.
Etaient présents, des personnalités telles que John . Widtsoe, ancien président de l'université d'Utah ; le Rabbin Adolph Steiner du rassemblement B'nai Israël ; le Dr. George M. Marshall, et bien d'autres personnalités, était invité également le secrétaire de Sir Arthur, Monsieur Wallace Erskine. Au déjeuner, Arthur Conan Doyle exprima sa satisfaction pour la manière, dont lui et sa famille avait été accueillie dans la ville. Il déclara : « Nous sommes profondément reconnaissants pour la tolérance et la cordialité avec lesquelles nous avons été reçus. Franchement, je ne pensais pas pouvoir parler dans le Tabernacle mormon ».
Il a également parlé de sa visite au Musée de l'Eglise, et de son examen des reliques pionnières. Il déclara « une chose a retenue mon attention, c'était la photographie d'un groupe de pionniers, j'ai su alors que je les avaient vu avant –enfin cette photo est revenue à moi- elle était à l'époque de la guerre des Boers en Afrique du Sud. Les mêmes types, des hommes aux visages burinés, durs, mais braves. Et des femmes sérieuses qui les regardent comme si ils avaient beaucoup eu de souffrances et de difficultés. Ce sont les types de pionniers en Utah, et en Afrique du Sud, et je suppose que les deux développent un Etat ou un empire… »
Pendant son bref séjour en Utah, Arthur Conan Doyle reçoit à son hôtel, la lettre d'un Dr. G.Hodgson, qui n'était pas mormon, et il explique que ses premières impressions sur l'Eglise mormone avait été déformée en raison du roman « A study in Scarlet ». Ce roman lui avait donné l'impression que le meurtre était une pratique courante parmi les mormons. Le Dr. Higgins suggéra à Doyle qu'il exprime ses regrets pour avoir propagé de telles faussetés au sujet de l'église mormone et de son peuple.
Le grand écrivain britannique avait répondu qu'à l'avenir il écrirait sur les Saints des Derniers Jours comment il les a réellement découverts. Mais en revanche, il dit que tous ce qu'il avait dit sur la bande des Danites et les meurtres commis par ces derniers était historique, mais qu'effectivement ce n'était qu'une minorité, désavouée par l'Eglise mormone. Il écrit également au Dr. Higgins que son éloge des pionniers était sincère, et qu'il viendrait à exprimer des excuses publiques.
En 1991, la fille du romancier alors âgée de 78 ans, Madame Jean Conan Doyle déclara à Michaël Homer que son père avait pris pour base concernant ce roman, des travaux issus de l'antimormonisme écrits par d'anciens mormons, parce qu'il pensait à tort que ces témoignages étaient réels à l'époque de la rédaction de « A study in Scarlet »…
Il aurait eu accès aux livres polémiques et pleins de faux témoignages romancés pour les rendre encore plus dramatiques, de Fannie Stenhouse, William A. Hickman, William Jarman, John Hyde, etc. C'est exactement le même problème rencontré en Maçonnerie avec les écrits dans l'ancien Maçon Léo Taxil, dont l'œuvre jettera sur l'Ordre Maçonnique une immense opprobe, avec les mêmes accusations de meurtres.
Après son voyage en Utah, et après avoir pris connaissance des Ecritures Mormones (notamment le Livre de Mormon), Sir Arthur Conan Doyle traita les Mormons et l'Eglise dont ils se réclament avec beaucoup de respect. Le monde holmésien sera désormais en excellent terme avec le monde mormon, suite à cette prise de position du grand homme.
Harold Schindler a même émis l'hypothèse qu'un nouveau roman avec les honorables Sherlock Holmes et son ami le Dr. John H. Watson aurait été en cours d'écriture, où le Mormonisme aurait été présenté sous un bon auspice. Quelque part, dans une boîte, les feuilles manuscrites de ce roman attendraient d'être découverte… Elémentaire mon cher Watson…
Sir Arthur Conan Doyle été Franc-Maçon, il fut initié à la loge « Phoenix Lodge n° 257 » à l'Orient de Portsmouth de la Grande Loge Unie d'Angleterre en 1886. Il appris également l'appartenance à la Maçonnerie des premiers grands dirigeants Mormons, et il fut très intéressé par la Doctrine du Baptême pour les Morts, entrée le 3 octobre 1918 dans le canon des Ecritures dans Doctrine & Alliance section 138. Conan Doyle étudia de nombreux témoignages de membres de l'Eglise mormone, concernant des apparitions de défunts, de spectres divers, avant, pendant ou après ces cérémonies de Baptêmes pour les Morts, qu'il tenta de rapprocher de manifestations psychiques, proche du spiritisme. Sir Arthur Conan Doyle garda un excellent souvenir de sa visite en Utah, et regretta sincèrement le ton de son premier roman, influencé négativement par des rapports d'auteurs peu scrupuleux de la vérité, et dont la vérification des dire étaient difficiles à l'époque, étant donné les distances et moyens de communications.
C'est tout à l'honneur de Sir Arthur, d'avoir ainsi, présenté ses excuses, et d'avoir étudié les phénomènes qui existaient chez les Mormons qui pratiquaient le Baptême pour les Morts. Expérience toujours très troublante, et empreinte de respect et d'amour, mais pour Sir Arthur, un champ d'expériences à rajouter à sa large étude des phénomènes métapsychiques.