Etude historique : Brigham Young en Angleterre

Fusain célébrant l'amitié de Brigham Young et de Joseph Smith BRIGHAM YOUNG EN ANGLETERRE




Brigham Young en Angleterre

Quand il débarqua du paquebot Patrick Henry, à Liverpool, le 6 avril 1840, Brigham Young avait trente-neuf ans. Le temps qu'il passa en Angleterre, un an et quatorze jours, fut un moment crucial dans la vie d'un homme qui avait pourtant déjà connu un nombre d'aventures tel que beaucoup s'en seraient contentés. Il fit, en Angleterre, une expérience des plus utiles et enrichissantes, à la suite de laquelle il fut reconnu, dans le monde entier, comme l'un des chefs religieux et l'un des colonisateurs les plus remarquables de l'histoire. On peut dire également, à la lumière des plans d'émigration qu'il dressa à l'époque, que cette année fut l'une des plus dynamiques de sa vie. Grâce à lui, des milliers de travailleurs compétents et ingénieux purent venir s'installer dans l'ouest de l'Amérique, et ses plans d'émigrations furent considérés pendant longtemps pour un modèle du genre.

Il était disciple de Joseph Smith depuis huit années, au cours desquelles il avait consacré, pour ainsi dire, tous ses instants à l'Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours.

Déjà, comme menuisier, il avait déployé tout son art pour la construction du Temple de Kirtiand. Les détails de son voyage en Angleterre montrent ses capacités et son dévouement. Car si l'on peut dire quelque chose de Brigham Young, c'est bien qu'il croyait de tout son cœur en Joseph Smith et en ses révélations.
Il ne s'était converti qu'au bout de deux ans, après avoir entendu...

(Note 1. Le compte rendu le plus complet des activités des Mormons en Angleterre se trouve dans A Century of Mormonism in Gréai Britain de Richard L. EVANS (Sait Lake City, 1937). Celui-ci recommenca l'ouvrage à partir des recherches qu'il fit, jeune homme, vers 1928, alors qu'il était missionnaire en Grande-Bretagne. Il le termina pour le centenaire de la Mission britannique en 1937. La plus grande partie des matériaux de ce chapitre et de tous ceux qui traitent de l'activité des Mormons en Grande-Bretagne, Ecosse et Pays de Galles provient de cet ouvrage. J'en exprime ma très grande reconnaissance à l'auteur. fin de note)

... parler de Joseph Smith pour la première fois, lu le Livre je Mormon et rendu visite à plusieurs groupes de Mormons, ses voisins, dans le nord de l'État de New York. Il n'a jamais prétendu avoir eu des apparitions angéliques ni des révélations surnaturelles; mais il affirmait que ce que Dieu voulait, il le savait. Si beaucoup, à ses côtés, se laissèrent ébranler dans leur foi et s'en détournèrent, lui, jamais. Et il ne fait aucun doute qu'il était d'une franchise entière, sans l'ombre d'hypocrisie. S'il a été le jouet d'une mystification, comme certains l'ont dit, il y a cru de toute son âme.
On peut encore affirmer une autre chose, très importante : c'était un homme de poids. On se tournait d'instinct vers lui, il avait la sagesse, l'autorité, l'énergie nécessaires en périodes de crises. C'est pourquoi son ami le plus cher, Heber C. Kimball, avait demandé que « Frère Brigham )) l'accompagne, quand il fut envoyé en Angleterre pour la première fois, en 1837.

On le lui avait refusé car, comme Joseph Smith le prévoyait, « d'autres travaux attendaient Frère Brigham ». L'un d'entre eux, et le plus important, fut d'organiser le triste départ des Mormons du Missouri pour l'lllinois, alors que le Prophète était en prison à Liberty. Arracher quinze mille personnes à leurs chez-eux, à des terres durement conquises, sous la menace d'une populace décidée à toutes les violences) pour les mener au milieu des incertitudes dans une nouvelle Sion, non encore bâtie, sur les rives du Mississippi, c'était assez pour juger des capacités d'un homme. Brigham Young subit l'épreuve avec succès.

Mais à peine la famille Young se trouva-t-elle installée dans une caserne abandonnée, sur la rive du Mississippi qui se trouve du côté de l'lowa, à Montrose, juste en face de Nauvoo, que le Prophète rappela à ses principaux conseillers, membres du Conseil des Douze Apôtres, qu'ils devaient tous se rendre en Angleterre, car telle était la révélation qui lui avait été faite.

Pour l'argent, pas de problème

Brigham Young, selon son propre récit, se leva du lit où il était couché, malade, prit une vieille couverture sur un des lits de ses enfants, la jeta sur ses épaules en guise du manteau qu'il n'avait pas, et sans plus de bagage et d'argent qu'un apôtre galiléen, quitta sa femme et ses quatre enfants — dont le dernier n'avait pas alors plus de dix jours — traversa les plaines gelées de l'lllinois, de l'Ohio, de l'État de New York et arriva à New York par la Nouvelle-Angleterre, D'être absolument sans ressources ne lui donnait aucun souci.

"Pour moi, voyager et prêcher sans bourse ni besace ne m'a jamais été pénible, dit-il, je n'ai jamais passé une journée, ni été nulle part... que je n'obtienne tout ce que je veuille... jamais on ne m'a mis à la porte; je faisais connaissance avec la famille, m'asseyais avec eux, chantais et bavardais, et ils se sentaient pleins de cordialité à mon égard; et ils n'apprenaient que j'étais « Frère mormon » qu'après que j'aie obtenu leur amitié 1 »

Son récit de la façon dont il fit les derniers kilomètres du voyage, avant l'arrivée à New York, laisse deviner ses façons confiantes et joviales :
« Frère George A. Smith [cousin du Prophète] m'accompagna jusqu'à New York; et nous n'avions pas de quoi payer notre transport jusqu'à cette ville, distante de huit kilomètres. Nous étions partis de New Haven en bateau à vapeur et, en descendant du bateau, j'avais loué des places dans la diligence de New York; il se trouva justement que le commandant du bateau prit cette diligence.

« Quand nous en descendîmes, je dis au commandant : ' Auriezvous la bonté de payer la place de ce monsieur et la mienne ? ' Je ne m'étais pas entretenu avec lui pendant la journée, n'ayant échangé que les compliments habituels d'usage, mais quand nous le quittâmes, il nous salua cordialement, nous dit qu'il avait payé notre place avec grand plaisir, et il nous serra la main aussi chaleureusement que s'il était un frère, en disant : ' Que Dieu bénisse vos entreprises et les rende prospères. ' »
Brigham Young avait mis quatre mois et demi pour se rendre du Mississippi à l'Hudson. Prêchant le soir et les dimanches, travaillant à New York comme menuisier et vitrier, pendant deux mois, il mit de côté les 18 dollars requis pour la traversée jusqu'à Liverpool. Une des sœurs mormones de New York lui donna un pantalon; à lui et à son petit groupe on fournit des provisions de voyage et des matelas de paille.

(Note 1. Le 31 août 1856, Brigham Young s'adressant aux fidèles, dans la Charmille, à Salt Lake City, se sentait tout pénétré de ses souvenirs. Après seize années actives et trépidantes, ses souvenirs d'Angleterre étaient toujours aussi vifs. L'extrait qui paraît ici est tiré de Journal of Discourses. fin de note)

La traversée n'était guère confortable. Brigham eut le mal de mer la plus grande partie du temps. Quand il arriva à Liverpool, il ne paraissait rien moins qu'un personnage imposant. Homme de petite taille, il mesurait un mètre soixante-cinq et possédait mie musculature épaisse. Si vous l'aviez vu à l'époque, vous auriez eu devant vous un homme assagi, qui avait perdu un peu de son exubérance célèbre à Kirtiand, mais manifestement conservé son coup d'œil d'analyste et sa bonne humeur. C'était un homme ferme mais compréhensif, un ami fidèle) un ennemi sans perfidie.

 

Brigham Young

Nouvelle visite à Preston

Young eut la chance d'avoir comme guide Heber C. Kimball, qui nota, en débarquant à Liverpool, qu'il y avait deux ans, à un jour près, il quittait l'Amérique à la tête de la première mission mormone pour l'Angleterre. Il se montrait évidemment très impatient de se rendre à Preston, siège de ses activités passées.

Kimball conduisit les apôtres, ses condisciples, à Preston, le 9 avril 1840. Ils y tinrent une conférence avec les autres missionnaires et les membres actifs de la région. On décida qu'Orson Pratt irait en Ecosse et que George A. Smith se rendrait dans les faïenceries où Kimball, lui-même potier de son métier, avait été précédemment bien accueilli. Parley P. Pratt irait à Manchester étudier les moyens de faire imprimer un périodique ; John Taylor resterait à Liverpool. Heber Kimball, lui, parcourrait le pays pour rendre visite à de vieux amis, encourager ceux qui en avait besoin et chercher des occasions favorables.

Après la conférence, Brigham Young écrivit à Nauvoo :
« L'œuvre du Seigneur est prospère ici... selon les comptes rendus que nous ont faits les Frères de leurs travaux. On a baptisé huit ou neuf cents personnes (les deux années précédentes). « L'Évangile se répand, les démons poussent des rugissements. D'après ce que j'ai pu apprendre, les prêtres vocifèrent, l'ivraie est hé, le blé moissonné, les nations tremblent, les royaumes chancellent, les hommes, de peur, ont le cœur qui leur manque à la perspective de ce qui va arriver sur terre. »

Malgré tout ce beau langage, Brigham conservait l'esprit pratique. A ses oreilles attentives, l'événement le plus important de la conférence de Preston était la nouvelle selon laquelle Wilford Woodruff avait baptisé un groupe entier d'anciens Méthodistes, « Les Frères Unis », au nombre de cinq cents. Et il n'était pas indifférent non plus que, parmi eux, il s'en trouvât un ou deux possédant une certaine richesse, comme le propriétaire terrien et sa femme, John et Jane Benbow, et le premier chef religieux du troupeau, Thomas Kington.

Dès la fin de la conférence, Brigham Young et Willard Richards se mirent en route avec Woodruff pour le Herefordshire et la maison des Benbow, à Froome's Hill. Young y resta pendant un mois, et ne réclama jamais un centime aux Benbow, mais il leur laissa entendre que puisqu'ils avaient reconnu la vérité des paroles du Prophète, ils devaient essayer de faire partager ces bienfaits aux autres et qu'il était clair que le meilleur moyen, c'était de financer l'impression du Livre de Mormon en Angleterre. En effet, les tarifs douaniers et autres charges financières étaient si élevés qu'il était impossible d'importer ce livre d'Amérique.

John Benbow fit un don, ainsi que Thomas Kington mais, pour sa part, Jane offrit de faire un prêt, qui devait lui être remboursé sur les bénéfices de la vente du livre. Young apprécia grandement cette attitude et, trente ans après, alors que Jane était morte depuis longtemps, au cours de la dure expédition des Grandes Plaines, il aimait encore raconter cette histoire. Il finissait en disant qu'il avait veillé à ce qu'elle fût remboursée jusqu'au dernier centime, et sur les bénéfices 1

Le 20 mai 1840, Young écrivait à Joseph Smith, à Nauvoo :
« Frères Woodruff, Richards et moi-même, sommes montés au sommet de Herefordshire Beacon où, après avoir prié, nous avons tenu conseil et nous sommes mis d'accord sur le fait que, puisque nous avions obtenu 250 livres de Frère John Benbow et 100 de Frère Kington à seul fin de publier le Livre de Mormon et le Livre d'Hymnes, je devais rejoindre immédiatement Manchester et les frères, membres comme moi du comité, pour faire publier sans délai trois mille exemplaires duLivre d'Hymnes, Nous avons également décidé que ce même comité ferait publier cinq nulle exemplaires du Livre de Mormon. »

(Note : 1. Journal of Discourses, de Young. Young dit qu'il avait, en réalité, un billet de Mrs. Benbow lui faisant don de sa contribution, mais il voulut absolument la rembourser. fin de note)

Déjà, Parley Pratt avait fait imprimer, à Manchester le premier numéro du Millenial Star, qui paraît régulièrement en Angleterre depuis ce moment-là, ce qui en fait le plus ancien, périodique de l'Eglise des Mormons. Young et Pratt composèrent rapidement le Livre d'Hymnes, Pratt écrivant lui-même quelque cinquante cantiques nouveaux.

Les missionnaires avaient donné la priorité à ce livre, parce qu'ils avaient découvert que les Anglais aimaient chanter, mais que beaucoup, ayant quitté récemment la campagne pour venir trouver du travail dans les usines, n'avaient pas de livre de cantiques, ceux-ci appartenant aux églises qu'ils fréquentaient précédemment. Le nouveau Livre d'Hymnes fut un instrument puissant aux mains des Mormons.

Le plan d'émigration

Le Livre d'Hymnes, et non le Livre de Mormon, fut donc prêt le 6 juillet 1840, lorsque la Conférence Générale de l'Église se réunit à nouveau, non plus à Preston cette fois, mais dans l'imposante Carpenter'sHall de Manchester. Quatre-vingts branches de l'Église y étaient représentées, qui déclaraient deux mille cinq cents adeptes. A Brigham Young, le plus ancien membre du Conseil des Douze, on donna officiellement la charge de la Mission britannique.

Young avait été très impressionné, comme les autres missionnaires, par la condition des pauvres d'Angleterre. Les beaux jours de la vieille Angleterre s'étaient transformés peu à peu en mornes journées d'usine de douze heures, infailliblement noyées de brouillard fuligineux; une nouvelle classe de travailleurs surgissait qui excitait la sympathie de ceux qui se penchaient sur les phénomènes sociaux.

Dans une lettre adressée au Prophète, son ami Joseph Smith, Brigham Young témoigne d'une intelligence non moins pénétrante que celle de Benjamen Disraeli ou de Friedrich Engels dans sa façon de juger la condition du peuple anglais.
« L'homme qui a lu des histoires de l'Angleterre et que nous avons vu avant notre départ d'Amérique, serait sans doute passablement désappointé, car, en général, l'histoire se rapporte plus spécialement aux classes supérieures des nations...

L'Angleterre, contrairement à l'Amérique, est divisée en classes; il y en a beaucoup en réalité, mais elles peuvent toutes se réduire à trois :

les nobles, les marchands et les ouvriers.

Ou, en d'autres termes, les classes supérieure, moyenne et inférieure, dont chacune a ses coutumes et ses mœurs particulières...

"Il y a peu d'années, presque toutes les familles avaient un jardin, une vache dans les prés communaux et un porc dans la porcherie, ce qui améliorait beaucoup leur ordinaire, mais maintenant on ne voit plus que rarement jardin, vache ou porc."

« En passant près des maisons, dans la campagne, en voyant des murs de pierre abattus mais plus souvent encore des haies qui dépérissent et sont en très mauvais état, nous posons tout naturellement la question : ' Qu'est-ce qu'il y a par ici ? Quel est la cause de ces dégâts ?

« Et, généralement, on nous répond : ' II y a quelques années, j'avais un beau jardin à l'endroit que vous voyez; il était entouré d'une haie plantée de mes propres mains; j'avais une vache à moi qui paissait sur le terrain communal; je travaillais dans l'exploitation de mon maître et il me restait bien assez de temps, le matin et le soir, pour cultiver mon jardin où je faisais pousser assez de choses pour ma famille, et tous les ans j'avais un beau porc et suffisamment à manger) et nous étions heureux; mais mes maîtres et seigneurs sont devenus plus avares, ils tâchent de prendre pour eux tout ce qu'ils peuvent, ils ne veulent presque plus rien laisser aux pauvres pour vivre.

' Vous voyez, mon propriétaire a transformé mon jardin en pré, pour y mettre ses bêtes; le seigneur du château a clôturé les terrains communaux, de sorte que je n'ai plus d'endroit où faire paître ma vache et que j'ai été obligé de la vendre. J'ai tué mon porc pour l'empêcher de mourir de faim. Les petites fermes ont été transformées en grandes exploitations et nous ne pouvons plus trouver de travail dans la campagne. J'ai été obligé d'aller à l'usine avec ma femme et mes enfants, pour gagner un morceau de pain... '

« L'industrie est l'activité de l'Angleterre. Les filatures de coton sont les plus nombreuses. Les tisseurs gagnent de dix à six shillings par semaine, les fileurs un peu plus. Les tisseurs sur métier à main doivent travailler dur pour gagner six shillings par semaine.

« Eh bien, après avoir payé deux shillings par semaine pour le logement, un shilling pour le charbon, sans compter les impôts de toutes sortes — car la fumée ne sort pas d'une cheminée.

En Angleterre, sans qu'ait été payée une taxe spéciale; la lumière ne peut entrer par une fenêtre sans qu'ait été payé un droit; beaucoup doivent payer de un penny à six pence par semaine pour l'eau et, si on essayait de tout dénombrer—il faudrait se procurer la liste du gouvernement — après avoir payé toutes ces taxes, que pensez-vous qu'il reste à une famille pour manger ?
« Ajoutez à cela l'impôt sur les céréales, qui représente une grande partie des dépenses en question, et que reste-t-il, sinon la famine, sans compter les condiments comme le poivre, les épiées, etc., qui, étant taxés, valent quatre fois plus qu'aux États-Unis.

« Les pauvres ne peuvent pas avoir de chiens, sinon ils doivent payer de huit shilhngs à une livre par an. On paie des droits pour vivre et des droits pour mourir, d'autant qu'il est très difficile pour les pauvres d'être enterrés de toute façon, et on dépenserait moins d'argent à émigrer en Amérique et à y acheter une tombe qu'à se faire décemment enterrer dans la Vieille Angleterre. Il est difficile de se remémorer ce qui n'est pas taxé, à part les chats, les souris et les puces.
« Nous trouvons le peuple de ce pays plus disposé à recevoir l'Évangilequecelui d'Amérique, danslamesure où ilsie reçoivent vraiment, car ils n'ont pas l'intelligence abstraite, les préjugés ou la fausse culture, appelez cela comme vous voudrez, qu'on a là-bas.

« En conséquence, il n'est pas besoin de travailler bien dur, quelque part, ni pendant des mois, pour détruire leurs vieilles idées, car leurs prêtres ne leur ont pas appris grand-chose, et le peu qu'ils ont appris est si bête qu'on le voit au premier coup d'œil '. »
Cependant, certains de ceux qui adhérèrent à la doctrine des Mormons, en Angleterre, virent leur condition empirer, car ils se retrouvèrent à part des autres, souvent victimes d'une sorte de discrimination, et cela avait des répercussions sur leurs moyens d'existence.

Bien que l'Angleterre fût, en 1840, la plus grande puissance du globe, et en passe de devenir l'empire le plus vaste et le plus pros-...
(Note 1. Cette lettre particulièrement pénétrante fut adressée pelîonnellement à Joseph Smith et se trouve aux Archives de l'Église. fin de note)

... père que le monde ait jamais connu, pour un grand nombre de sujets de la Reine, l'Amérique, malgré tout, restait la « Terre Promise ». Les missionnaires mormons se montraient immensément fiers des États-Unis et ne pouvaient s'empêcher de parler de la relative facilité avec laquelle on pouvait faire son chemin là-bas, par ses propres moyens.

Il est remarquable, et les documents le prouvent, qu'à des milliers de kilomètres de là, aux confins de l'Amérique, Joseph Smith ait en quelque sorte compris l'état d'esprit anglais. Car ce fut bien lui, et personne d'autre, qui eut l'idée d'y envoyer ses conseillers les plus sûrs, à un moment où il aurait eu particulièrement besoin d'eux.

Brigham Young résolut les difficultés en mettant au point un plan et un système qui sont toujours considérés comme des modèles et qui, dans les décennies suivantes, amenèrent aux Mormons plus de cent mille nouveaux adeptes, d'abord en lUinois, et par la suite en Utah. Il est juste aussi de dire que ces émigrants anglais et leurs descendants constituent au moins 50 % et peut-être 70 % des cadres religieux de l'Église depuis ce temps-là.

Et s'il fallait les rayer, eux et leurs enfants, de la liste des personnalités américaines, on ferait disparaître, de l'annuaire du monde politique, un grand nombre de sénateurs, de membres du congrès, de gouverneurs et un nombre infini de notabilités de moindre envergure. Du monde des affaires : des directeurs généraux de plusieurs grandes banques nationales, de compagnies d'assurances, de l'industrie) etc. Du monde scientifique : quelques-unes de ses personnalités les plus connues et du monde universitaire et intellectuel, quelques-uns de ses personnages les plus respectés. Ce que cette émigration a apporté à l'Amérique, en fait, est incalculable.

On dressa un jour, en 1966, juste pour se rendre compte, une liste des personnages marquants de Washington, dont l'origine remontait à cette émigration organisée par Brigham Young. Elle comprenait trois sénateurs, Bennett et Moss de l'Utah et Cannon du Nevada, six membres du Congrès, un membre du cabinel présidentiel, le ministre Udall, plusieurs hauts personnages deî Affaires étrangères. Milan Smith, qui est à la tête de l'Asso. ciation nationale des fabriquants de conserves) l'une des plus importantes associations professionnelles de cette ville) Willard J. Marriott) président d'une importante chaîne d'hôtels et de restaurants, Mark Evans, qui occupe un poste de direction dans un des grands réseaux de télévision et de radio, et beaucoup d'autres.

 

Aventures à Londres


L'un des objectifs de Brigham Young, en Angleterre, était d'établir la nouvelle religion à Londres. Il fut moins heureux dans cette entreprise. Londres était alors la plus grande capitale du monde, avec une population de deux millions d'habitants, alors que New York n'en comptait que 200.000. Pour convertir les Londoniens, Young choisit Heber Kimball, George A. Smith et Wilford Woodruff. Ils arrivèrent tous les trois dans la ville le 18 août 1840, et consacrèrent presque tout leur temps à rendre visite aux ministres du culte en place, espérant gagner ainsi des congrégations entières, comme Woodruff avec les Frères Unis, mais le clergé de Londres ne se montra guère coopératif. Cela ne découragea pas les pionniers américains, pas plus que ne le firent les imposants bâtiments et les foules grouillantes de la grande ville.

Se rappelant le succès remporté, deux ans auparavant, auprès des membres de la Société de Tempérance de Preston, Kimball emmena ses deux amis à l'assemblée que cette société tint à Londres, le 25 août, dans sa salle de la St. George 's Row, près de « Elephant and Castle ». George Smith s'adressa au groupe comme un Américain opposé à la consommation d'alcool et fut reçu cordialement. Ils purent ainsi louer la salle pour le 7 septembre 1840 et faire passer l'annonce de leur réunion.
Le 7 étant à quelques jours de là, ils décidèrent de tenter quelques prêches de plein air, à Smitlifield Market, à l'endroit même où, sur ordre de la reine Mary, on avait brûlé John Rogers, martyr protestant. Ils espéraient que le souvenir des persécutions passées engagerait la foule, qui avait l'habitude d'écouter les orateurs et de les railler la plupart du temps, à montrer plus de tolérance à leur égard. Avant même de pouvoir parler, cependant, un gendarme leur déclara que le Lord Maire avait interdit de prêcher dans la rue.
« Sur ce, raconta Woodruff, un certain M. Henry Connor s'avança pour nous dire qu'il nous mènerait dans un lieu situé hors de la juridiction du Lord Maire 1 » II les conduisit à Tabernacle Square, où il y avait une foule d'environ quatre cents per-...

(Note :1. Le compte rendu fait par Woodruff des activités des Mormons à Londres figure dans l'ouvrage officiel Journal History ofthe Church, Vol. LV, p. 182 et suivantes. (Archive» de l'Église, Sait Lake Clty.)

sonnes. Kimball parvint jusqu'à la chaise où était monté un prédicateur et l'avertit qu'il y avait là un Américain qui voulait dire quelques mots. L'homme céda alors la place à George Smith, qui parla environ une vingtaine de minutes, en débutant par un sujet familier extrait de Marc 16 : 16 (Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé; mais celui qui ne croira pas sera condamné.)

S'échauffant un peu, il en arrivait à l'histoire de Joseph Smith et de la nouvelle Sion d'Amérique, quand le prédicateur bondit en s'écriant qu'il venait d'apprendre que l'orateur américain était un Mormon, « Je les connais, ce sont de méchantes gens, ils ont déjà semé la division dans de nombreuses églises, ils ont fait beaucoup de mal... Nous avons l'Evangile et nous pouvons sauver les gens sans l'incrédulité, le socialisme ou les Saints des Derniers Jours. »

II réclama sa chaise et s'enfuit avec elle, au grand amusement de la foule. Kimball annonça qu'il reviendrait l'après-midi, à trois heures, avec une chaise à lui et pressa tout le monde de revenir écouter son message. Un petit nombre s'y trouva et les trois missionnaires parlèrent pendant une heure et demie. Même après avoir terminé, plusieurs petits groupes s'attardèrent sur les lieux pour poser des questions. Et M. Connor se montra le plus intéressé de tous. Dans les archives on voit que le lendemain, lundi 21 août 1840, "Frère Kimball baptisa Henry Connor, horloger, 52 Iron-Monger's Row, Londres, dans la pièce d'eau de Peerless, premier baptisé de Londres"

Pendant quelques semaines, Connor resta le seul converti de cette ville, bien que les missionnaires n'aient pas ménagé leur peine. Ils avaient répandu partout l'avis de la réunion du 7 septembre dans la salle de la Société de Tempérance et nourrissaient de grands espoirs. La plus grande partie de ce qu'ils possédaient comme argent avait été dépensé pour la location de la salle, mais quand la réunion commença, il apparut que trente personnes seulement s'étaient dérangées pour les écouter.

Des progrès peu rapides

Wilford Woodruff décida de retourner dans le Herefordshire où il avait été mieux récompensé de ses efforts. Il écrit :
« Nous avons passé vingt-trois jours dans la grande Babylone des temps modernes et nous avons trouvé qu'il était plus difficile...

(Note : l. Traduction Segond (N.d.Tr.)

...d'établir une Église là que partout ailleurs. Nous avons baptisé un seul homme et nous l'avons ordonné prêtre; six autres personnes avaient donné leur nom pour être baptisées le dimanche suivant... C'est pourquoi j'ai quitté Londres avec le sentiment que notre mission et nos peines n'ont pas été tout à fait sans effet. »

Kimball et Smith restèrent à Londres et le 6 octobre ils envoyèrent de leurs nouvelles à Brigham Young qui était à Manchester :
« Nous n'avons baptisé que onze personnes seulement, dans la ville de Londres, mais par notre foi et la clémence de Dieu, nous espérons, avant peu, récolter des âmes dans ce lieu; cependant il faut reconnaître que, dans nos voyages, en Amérique ou en Europe, nous n'avons jamais encore rencontré de gens dont nous ayons, comme ici, à débarrasser l'esprit d'une plus grande foule d'objections ou d'osbtacles, pour éveiller leur intérêt sur le sujet et préparer leur cœur à recevoir la parole de Dieu.

« En conversant avec les gens ordinaires de l'Évangile, nous avons découvert que ce qu'ils savent dire de mieux c'est : ' Voyons, je vais à l'église, ou à la chapelle, et je fais baptiser mes enfants; qu'est-ce qu'il faut de plus ?' Quand nous conversons avec les plus cultivés, nous nous apercevons qu'ils sont trop savants pour apprendre quelque chose, et trop pris dans la tradition de leurs pères pour pouvoir espérer aucun changement dans les derniers jours.

« Conversant avec les ministres du culte des différents ordres sur les principes de l'Évangile, ils nous déclarent que l'ancien ordre des choses n'existe plus, qu'il y en a parmi eux qui prêchent cette bonne vieille religion depuis quarante ans et que Dieu est avec eux et qu'ils n'ont besoin d'aucune révélation supplémentaire, ni de guérir les malades, ni rien de ce qui se manifestait à l'époque des Apôtres, car ils se débrouillent très bien sans cela, en ce siècle de lumières, de raffinement et de culture...

« Mais, malgré tout, nous ne nous laissons pas décourager par la tâche à accomplir à Londres, et nous croyons fermement que beaucoup d'âmes finiront par embrasser la plénitude de l'Évangile, bien que cela demande beaucoup de foi, de diligence, de persévérance et de prières. 1»

(Note :1. Lettre du 12 octobre 1840, envoyée par Heber C. Kimball, George A. Smith et Wilford Woodruff à Brigham Young, à Manchester, dans Journal History of thé Church, Vol. IV, p. 222-223.)

Ce rapport ne détourna pas Brigham Young de l'entreprise; à peine en avait-il fini la lecture, qu'il proposa de transférer à Londres les services de publications, qui comprenaient également le siège central de la Mission britannique, dès que les circonstances le permettraient. En réalité, quatre-vingt-treize ans s'écoulèrent avant que les circonstances le permettent. Mais les difficultés rencontrées à Londres n'en furent pas entièrement la cause. L'importance grandissante de l'émigration en Amérique et le besoin de se trouver à proximité du centre de l'opération) c'est-àdire Liverpool, en constitua la raison principale.

Young à Londres

Le 30 novembre 1840, Brigham Young faisait son premier séjour à Londres. Heber Kimball, qui avait joué avec lui, enfant, à Mendon, dans l'État de New York, qui avait prêché avec lui et pour lui pendant tant de voyages, et qui avait participé à l' « évasion » du Prophète dans le Missouri, lui servait de guide. Brigham n'était pas quelqu'un à laisser passer une occasion, que ce soit celle de haranguer une foule, de présider une assemblée religieuse ou de s'emplir les yeux et l'esprit des curiosités touristiques de Londres.
Dans son journal quotidien, il note :

« 3 décembre (1840). Nous avons visité la Tour de Londres, le Horse Armory, la Jewell Room et le Tunnel de la Tamise... 4 décembre. Avec Frère Woodruffj'ai visité Buckingham Palace et Westminster Abbey... 5 décembre. Avec Frère Woodruff, j'ai essayé de trouver le Livre de Mormon, car j'ai entendu dire qu'il était publié et vendu par une personne inconnue, mais je n'ai rien pu découvrir à ce sujet... 7 décembre. Frères Kimball, Woodruff et moi-même avons accompagné le Dr Copeland au Collège des Chirurgiens et nous avons vu tous les services. Nous avons aussi visité la National Galery, Frère Kimball a baptisé une personne... 9 décembre. Nous avons visité la Cathédrale Saint-Paul, et nous sommes allés partout, de la crypte à la nef qui a près de cent vingt mètres de haut. Nous avons traversé la Tamise sur le Pont de Londres et le Iron Bridge et sommes allés également au British Muséum... 10 décembre. Nous avons pris le Pont de Blackfriar et nous sommes rendus à la Chapelle de Sion pour assister à une réunion organisée par les Aitkenites, mais ils ont refusé de nous faire entrer de peur que nous dissocions leur société... »

Londres dans les années 1840



Photographie originale du parlement britannique en 1840



Une rue de Londres à la fin du XIX e siècle.


Le 1er décembre, à l'Académie Barratt, Brigham Young prononça son premier sermon londonien. Kimball, qui avait plus d'aisance et d'humour que lui, lui avait appris un petit stratagème. Debout dans la salle, observant tous ces gens aux visages cyniques impatients de commencer à le houspiller selon leur habitude, Young resta silencieux un temps assez long, semblant embarrassé par quelque chose et faisant plusieurs faux départs. L'auditoire ne put s'empêcher d'essayer de découvrir ce qui tourmentait l'orateur. Enfin Young dit d'une voix basse.


Londres est si diverse, il y a tant de gens cultivés, est-ce que je me trompe en supposant que je m'adresse à des gens faisant profession d'être des chrétiens ? )) On lui répondit très fort et avec bonne humeur : « Oui, oui, nous sommes chrétiens !

— Eh bien) je vous salue comme des chrétiens et je me référerai à Marc 16 : 16 : Celui qui croira et qui sera baptisé...
— Oh, Oh, un Baptiste! Baptiste! C'est un Baptiste. — Non, je ne suis pas baptiste, je suis d'une Église qui représente l'Évangile rétabli, avec des Prophètes et des Apôtres.
— Oh, lrvingite, lrvingite, hurla l'auditoire.
— Je ne suis pas un lrvingite. Je parle de la prophétie restaurée de Jésus Christ. » Alors) de plusieurs endroits de la salle à la fois : « Vous êtes avec Johanna Southcote! » Young secoua la tête, et fit mystérieusement une grimace devant l'auditoire qui à ce moment s'était tout à fait pris au jeu. « Notre Prophète est venu et il est avec nous, — Aitkenites! hurla-t-on. — Et notre clergé...
— Catholique. Catholique, qu'il s'en aille!
— En Amérique, une région très riche qui offre la possibilité de..."

Et le discours continua sur ce ton, les railleries se faisant de plus en plus méchantes. On ne peut dire que Brigham Young ait converti ses auditeurs, au moins les channa-t-il, après quoi les Mormons purent se faire entendre en cet endroit sans soulever une émeute. C'est un style que Young adopta, d'abord par nécessité à Londres, mais qu'il employa par la suite quelques fois; il lui arriva de dialoguer de la sorte avec cinq mille personnes au Tabernacle de Sait Lake City.

Après un séjour de dix jours, Young donna quelques conseils à ses missionnaires londoniens.
« Venez dans l'eau »
"Voilà ce que Frère Kimball dira : * Venez, mon ami, asseyonsnous; ne soyons pas pressés *, et il commencera à prêcher l'Évangile simplement, familièrement, faisant en sorte que ses auditeurs puissent croire tout ce qu'il dit, et leur faisant témoigner de la vérité, qu'ils soient croyants ou non, en leur demandant : ' Bon, est-ce que ce n'est pas vrai cela ? ' et ils répondront : ' Si '. II se servira de l'Écriture selon qu'il en aura besoin, en se référant à sa Bible et posera la question : ' Bon) est-ce que ce n'est pas vrai 7 ' et la réponse sera : ' Si. ' Alors, il leur dira : ' Bon, vous croyez cela 7 Vous voyez comme l'Évangile est simple 7 Venez maintenant ' et il les conduira dans les eaux du baptême. Les gens voudront le voir dès le matin et rester avec lui jusqu'à midi, et de là jusqu'au soir; et il leur mettra les bras autour du cou en disant : " Venez descendons dans l'eau 1 ".

Ayant bien montré comment, à son avis, le travail devait se faire, et notifié qu'il n'y avait pas pénurie d'eau baptismale, Young quitta Londres dont il donna la charge à Kimball assisté de Woodruff.

On était surtout porté alors à mettre au point l'organisation de l'émigration. Young pensait que les émigrants devaient se réunir en assez grandes compagnies pour pouvoir affréter un navire. De cette façon, le groupe gagnerait en unité et amitié et le partage des vivres réduirait le coût du voyage. Young encouragea tant qu'il put à partir les premiers ceux qui avaient des moyens et un métier, de façon qu'en arrivant à Nauvoo ils y montent des entreprises, créant ainsi des emplois pour ceux qui arriveraient ensuite.

Les droits de publication du Livre de Mormon

Dès le début de 1841, Young fut en mesure d'envoyer à Heber Kimball, à Londres, vingt exemplaires de la première édition bri-...

(Note : 1. Young, Journal 9 Discourses.)

...tannique du Livre de Mormon et ce dernier alla porter sur-le-champ, à Stationer's Hall, les cinq exemplaires requis pour réserver les droits de publication au nom de Joseph Smith junior. Ces deux livres, le Livre de Mormon et le Livre d'Hymnes, accélérèrent le travail des missionnaires, qui s'étaient déjà installés en Ecosse, en Pays de Galles, dans l'île de Man et en Irlande.

Le 20 avril 1841, un an et quatorze jours après son arrivée en Angleterre, Brigham Young montait à bord du navire Rochester; il écrit à ce propos :

« C'est le cœur plein de gratitude et de reconnaissance envers Dieu, mon Père Céleste, que je méditais sur la façon dont II avait agi avec moi et les Douze frères l'année que je passais en Angleterre. Le contraste entre le moment où nous avons atterri à Liverpool et celui où nous en sommes partis tient du miracle. Nous avons débarqué, au printemps de 1840, étrangers sur une terre étrangère et sans argent, mais, grâce à Dieu, nous nous sommes fait beaucoup d'amis, nous avons fondé des Églises dans presque toutes les villes et localités connues du Royaume de Grande-Bretagne, baptisé entre sept et huit mille personnes, imprimé cinq mille Livre de Mormon, trois mille Livre d'Hymne, deux mille cinq cents numéros du Millennial Star et cinquante mille brochures, fait émigrer à Sion un millier d'âmes, établi un organisme permanent chargé du transport maritime, qui sera d'un grand secours pour les Saints, et nous avons semé dans les cœurs de plusieurs milliers de personnes les semences de la vérité éternelle, qui porteront des fruits pour l'honneur et la gloire de Dieu, et, encore, n'avons-nous manqué ni à manger, ni à boire, ni d'aucun vêtement; en tout cela, je reconnais la main de Dieu i»

Extrait du livre de R. Mullen "les saints des derniers jours, l'histoire des Mormons" Ed. Mame 1970.

Source : http://koloborder.superforum.fr/histoire-du-mormonisme-f1/brigham-young-en-angleterre-t1143.htm






04/02/2008
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