Le Temple de Salomon à Jérusalem
LE TEMPLE DE SALOMON
Je vais vous présenter le Temple de Salomon sous l'angle de l'archéologie et de l'histoire biblique qui sont deux domaines bien distinct, l'un appartient à la science, l'autre à l'histoire sainte. Mais dans le domaine de l'archéologie syro-palestinienne les deux domaines sont souvent liés, et permettent de mieux comprendre ce qui s'est passé dans cette région du monde voici trois millénaires. Ce domaine du savoir est hélas sujet à moult controverses passionnées, voire à des affrontements idéologiques chez les chercheurs. Je pense notamment à la délocalisation du Royaume d'Israël qui fut situé en Arabie par un auteur qui pourrait être qualifié de science-fiction, ou encore à la négation de l'existence même du Temple de Jérusalem sous Salomon et du Roi David lui-même.
Le passé a ressurgit sous la truelle des archéologues et ont permis d'une part d'authentifier définitivement le Roi David par la stèle de Tell Dan où est mentionné sans ambiguïté aucune la Maison de David, comme on mentionne par exemple la Maison des Capétiens pour l'Ancien Régime. Mais le fait capital est qu'en 1997 le professeur André Lemaire découvrit un tout petit objet en ivoire, une grenade, fruit qui nous est familier en ce temple, avec la mention « Prêtres », cet objet singulier provenait du premier Temple de Jérusalem, celui de Salomon et la controverse fut enfin éteinte par le jaillissement d'une lumière provenant d'un lointain passé.
Grenade du Temple de Salomon
Il est un mythe qu'il convient de dissiper, entretenu par une pléiade d'auteurs, concernant une influence égyptienne du Temple de Salomon. L'origine architecturale du Temple de Salomon a été recherchée en Egypte, en raison de l'importance du pays du Nil dans l'histoire du peuple Hébreu, notamment lors de l'épisode de Joseph et de la sortie d'Egypte sous la conduite de Moïse.
En réalité, si l'Egypte a influencée fortement sur tous les plans les cultures environnantes, concernant l'histoire d'Israël, cette influence fut limité, elle s'exerça surtout sur un plan administratif et politique, dans le domaine de l'onomastique, et probablement sur des habitudes de vie mineure, mais rien dans le domaine cultuel. Pourquoi? La solution est simple, les Hébreux étaient sous influence suméro-akkadienne, à l'instar d'innombrables peuples. Il est tout à fait remarquable que les Hébreux aient résisté au charme de la culture égyptienne, contrairement aux Cananéens par exemple. Cette résistance peut s'expliquer par le fait que la culture mésopotamienne était également prestigieuse, les anciens Israélites n'ayant pas besoin de la culture égyptienne, véhiculant avec eux depuis Abraham les richesses culturelles des anciens mésopotamiens.
Pour le Temple de Salomon, il en va de même, son architecture ne doit rien aux temples égyptiens, la remise en cause de cette influence égyptienne commença avec une découverte archéologique importante en 1939 en Syrie du Nord, à Tell Taynat, il s'agissait d'un petit temple de forme allongée qui n'était pas sans rappeler la description que donne la Bible du Temple de Salomon.
Cet événement important pour l'archéologie biblique amena des chercheurs éminents, comme le Professeur Wright et le R.P. De Vaux de l'Ecole biblique de Jérusalem, à reconsidérer les origines de l'architecture sacrée de Jérusalem, dont les liens avec celle des pays du Levant, voire de l'Assyrie étaient désormais évident, le mythe de l'origine égyptienne venait de s'écrouler.
De nos jours, l'immense développement de l'archéologie en Syrie nous a apporté une documentation considérable, permettant de mieux cerner l'architecture religieuse de la Syrie et d'Israël. Le Temple de Salomon que les exégètes et les archéologues ont pu reconstituer à partir des indications fournies par la Bible, qui se révèle au demeurant, être un excellent manuel d'archéologie orientale, se présentait sous la forme d'un bâtiment allongé divisé en trois compartiments.
Nous trouvons respectivement, un vestibule -le ulam- précédé de colonnes donnant sur une salle de culte dénommé en hébreu -hekal- comportant une table d'offrandes, ce ulam donnait lui-même sur le Saint des Saints ou debir en Hébreu. Le debir abritait l'Arche d'Alliance contenant les Tables de pierre de Moïse, encadré par deux chérubins, formant le trône symbolique de l'Eternel. D'après le Père de Vaux, le debir était séparé du hekal par une cloison de bois, cette interprétation est généralement admise par les chercheurs.
La division intérieure du sanctuaire correspondait à trois fonctions précises:
1ère fonction: Le vestibule ou ulam, constituait une zone de transition entre le monde profane et l'univers sacré, le monde du surnaturel. Pour employer un langage familier à nous, francs-maçons, disons qu'il fallait laisser les métaux à la porte du Temple, pour pouvoir entrer dans une autre réalité, une autre dimension, celle de l'espace sacré.
2ème fonction: Le Saint ou hekal était le lieu de l'accomplissement du Rituel, du service de la divinité, de la présentation des offrandes, où se déroulait le culte quotidien.
3ème fonction: Le Saint des Saints ou debir, était le point sacré où entre les ailes des chérubins, sur le propitiatoire, se tenait la gloire d'Adonaï, sous la forme d'une nuée. Ce qui rendait ce lieu inaccessible pour l'homme.
Cette disposition particulière du Temple de Salomon se retrouvera pour la première fois en 1976, lors des fouilles effectuées dans la boucle de l'Euphrate, à l'emplacement de l'actuel lac el-Assad, qui mirent au jour sept temples datant du Bronze récent final, c'est-à-dire d'environ 1400 ans avant l'ère commune, or cette période précède immédiatement celle de l'édification du sanctuaire de Jérusalem, nous sommes alors au Xème siècle.
Le site d'Emar livrera aux archéologues quatre temples datés aux alentours des XIV-XIIe s. avant l'ère chrétienne, correspondant à la courte existence de cette ville édifiée par un souverain Hittite, probablement Suppiluliuma ou Mursili II, lors de l'expansion de l'Empire Hittite en Syrie, Empire qui sera détruit vers 1187 par l'invasion des Peuples de la mer.
Le lieu de culte principal de cette ville ancienne, était situé sur une acropole où il y avait deux temples, l'un consacré à Baal, l'autre à Astarté; ils étaient bâtis de part et d'autre d'une artère qui montait de la cité et débouchait, après avoir desservi les deux temples, sur une vaste esplanade cultuelle qui s'étendait derrière les deux temples, où se pratiquaient les sacrifices.
L'emplacement de cette terrasse, située derrière et non devant les Temples, rend ce sanctuaire différent de celui de Jérusalem, même si c'est ici une différence mineure, étant donné que sur le plan architectural, il s'agit d'édifices similaires. Malgré une forte érosion, il est possible d'établir le plan de ces deux temples de l'acropole du site d'Emar.
A l'instar du Temple de Salomon, la forme des bâtiments est très allongée. L'entrée se fait par un porche in antis situé sur le petit côté oriental, les chercheurs ont trouvé la présence d'un autel aux deux tiers environ de la grande salle du temple et dans l'axe de la porte. Il y avait la présence de banquettes de formes diverses contre le mur du fond et parfois contre les parois latérales du Temple. Si cet aménagement cultuel est différent de celui du Temple de Jérusalem, l'architecture est pratiquement la même.
Le troisième temple de cette antique cité était plus petit que celui que nous venons de décrire, il lui était également associé une terrasse cultuelle située à l'arrière. Ce temple était voué à tous les dieux du panthéon, et nous est connu comme centre de l'activité d'un devin, dont la renommée était parvenu jusqu'au roi des Hittites, en quelque sorte pour prendre une image plus récente, il s'agissait d'un Nostradamus du Bronze récent final!
Ce mage dirigeait en outre le centre de formation des scribes de la ville, ce qui est une fonction importante dans l'Antiquité, nous pouvons émettre l'hypothèse que cet homme était également versé en sagesse et en science.
Le temple de notre devin était de forme allongée, comme les deux autres, équipé de la même manière que ceux de l'Acropole, mais une différence existe, il possédait le long du mur oriental des dépendances qui ne sont pas sans rappeler la série de magasins qui faisaient le tour du Temple de Salomon. Encore un point commun qui rapproche Jérusalem de l'Orient et l'éloigne de l'Egypte. Enfin signalons qu'à l'intérieur de ce temple fut découvert près de 500 tablettes qui constituaient les archives personnelles du devin, ainsi que la bibliothèque religieuse du temple.
Le quatrième temple exhumé des sables à Emar était situé à proximité de celui du devin, il présentait les mêmes caractéristiques que les trois édifices décrits précédemment.
D'autres temples présentant les mêmes caractéristiques ont été découverts à Moumbaqat, et à Tell Fray.
En conclusion de ces faits archéologiques, on ne saurait parler d'une formule syrienne qui aurait été suivie dans les moindres détails à Jérusalem, par les maçons et les architectes de Salomon, mais il est plus juste de parler d'un modèle qui eut les faveurs du Roi hébreu. Modèle syrien et non égyptien, on ne le soulignera jamais assez, tant les mythes ont la vie dure.
Ce modèle syrien offrait un type de plan qui proposait une progression logique -sobre- du profane au sacré, dont la signification profonde est analysée dans la Bible. Ce qui est incroyable, c'est que ce modèle syrien d'architecture survie encore de nos jours sur les 5 continents, dans chaque Temple maçonnique, réplique miniature du Temple de Salomon. Signalons une coïncidence troublante, le pavé mosaïque occupe approximativement l'emplacement de l'autel des anciens temples syriens, dans l'axe de la porte, un point commun qui nous relie à la civilisation du croissant fertile, et nous éloigne encore une fois de la terre des pharaons, dont les temples étaient très différents dans leur logique sacrée de ceux de Syrie et de Jérusalem.
Un seul détail vous a peut-être frappé dans la description des temples syriens, c'est que la tripartition progressive, initiatique, du Temple de Jérusalem, ne semble pas se retrouver dans les sanctuaires de Syrie, mais n'oublions pas un point fort important, le Saint des Saints du Temple de Jérusalem n'était pas séparé par une paroi en matériaux impérissables, mais par une paroi en bois à l'époque royale, et par un simple voile de tissus à l'époque de Jésus, ceci étant entendu, il est fort difficile d'en retrouver la trace dans les ruines explorées par les savants. Or les archéologues ont retrouvés à défaut de voile ou de paroi en bois, l'amorce de ce qui pourrait bien être une troisième division intérieure, répondant parfaitement au souci exprimé par l'organisation salomonienne.
Signalons ici une autre analogie pour le moins fascinante avec les temples maçonniques répandu à la surface du globe, nos temples sont également divisés en trois parties, la troisième étant séparée par un voile de tissus à l'occasion de certaines cérémonies, exactement comme plusieurs milliers d'années auparavant en terre de Canaan et en Syrie, nous sommes les héritiers des maçons et des ingénieurs de Mésopotamie. Lorsque nous regardons vers l'Orient dans nos temples, on ne saurait mieux dire!
Donc, la conquête archéologique la plus significative de cette dernière décennie dans le domaine biblique, est que le Temple de Salomon s'inscrit dans le droit-fil d'une tradition des pays du Levant, une tradition qui ménage depuis le IIIème millénaire au moins, des transitions dans l'approche de l'homme vers la divinité.
Un concept religieux qui comporte en soi des éléments d'une approche initiatique du domaine du sacré. L'individu qui entrait dans un tel édifice, entreprenait une progression du profane vers le sacré, au terme de ce parcours, l'illumination atteignait l'individu, sans aucun doute, nous pouvons parler dans ce cas d'initiation au sacré et non de simple adoration de caractère superstitieux. La Franc-Maçonnerie est l'extrême évolution de ce concept antique.
Enfin, concernant les deux colonnes Yâkin et Boaz à l'entrée du Temple de Salomon, dont nous pouvons admirer des reproductions en ce temple maçonnique, réplique de celui de Jérusalem, certains auteurs anciens les rapprochaient des obélisques des complexes religieux égyptiens, une fois de plus ces chercheurs furent victimes de l'égyptomanie qui sévissait au début du siècle, et qui continue à sévire aujourd'hui. L'archéologie moderne a retrouvé des colonnes semblables, à l'entrée d'un temple situé dans la ville cananéenne de Hazor, datant de la période du bronze récent (1150-1200 av. l'ère commune).
Les deux colonnes du Temple : Jakin et Boaz avec leurs proportions
Pour ce qui est de l'obélisque égyptien, certains ont voulu y voir la symbolisation des rayons du soleil, mais c'est ici d'après les égyptologues une interprétation erronée, en fait, l'obélisque se rattache au culte des pierres levées, évolution de la pierre sacrée primitive sur laquelle se dresse le soleil à son lever, l'obélisque apparaît pour la première fois dans les temples solaires de la Vème dynastie, il se situe au centre du sanctuaire, couronnant une pyramide tronquée.
L'obélisque serait en fait à rapprocher par sa fonction, des Menhirs que l'on retrouve un peu partout en Europe et en Orient, un pont peut être ainsi dressé entre la merveilleuse Égypte et la mystérieuse culture des mégalithes, une piste à suivre mes frères.
La fonction et la forme des colonnes du Temple salomonien sont radicalement différentes, mais nous en ignorons la signification exacte, malgré un flot de théorie depuis les plus délirantes aux plus académiques.
Pour conclure, nous dirons que le temple de Jérusalem était la couronne spirituelle de l'époque impériale du roi Salomon. Gageons que nous n'avons pas fini d'entendre parler de ce bâtiment dont la Bible en à fait par sa diffusion universelle, le monument le plus célèbre du monde, ayant acquis rang de symbole, d'archétype du monument à usage sacré.
De nos jours, dans l'Israël moderne, une volonté se fait jour, celle de rebâtir le Temple de Salomon, ressuscitant après des siècles et des siècles d'absence. Mais la tradition juive indique que seul Dieu en personne ou le Messie, pourra réédifier le Temple, alors patience, un jour peut-être...
LE TEMPLE DE SALOMON D'APRES LE TEXTE BIBLIQUE
Le terme "Temple" désigne usuellement le Temple de Salomon édifié à Jérusalem, détruit au moment de la prise de la Ville sainte par l'armée de Nabuchodonosor en 586 avant l'ère commune.
L'Arche d'Alliance qui abritait la Présence de D. était incorporée dans un sanctuaire mobile nommée "tente du Témoignage" ou "de la réunion", qui convenait parfaitement à un Peuple nomade. Mais Israël était devenu sédentaire, par son installation en Terre promise, il lui fallait un sanctuaire pour révérer l'Eternel. Le grand Roi David depuis Jérusalem se morfondait "Voilà que j'habite une maison de cèdre et l'Arche de D. une maison de toile!" pensait-il.
Alors le roi décida de construire un Temple pour la divinité, mais cette dernière refusa cet hommage par la bouche du prophète Nathan. La raison en était que David avait répandu le sang en grande quantité en raison des guerres qu'il avait mené.
David dut se contenter d'ériger un autel comme le lui ordonna l'Ange d'Adonaï, sur l'aire d'Ornân le Jébouséen, qu'il acquit pour 600 sicles d'argent. C'est son fils, Salomon à qui sera confié la tâche d'élever la Maison d'Adonaï, sur ce même site. Néanmoins, David prépara le plan des bâtiments, laissa des instructions précises sur les classes des prêtres et des lévites, le détail du mobilier. En outre, il réunnit l'or, l'argent, le bronze, le fer, les pierres précieuses destinées à embellir le Temple.
Après la mort de David, Salomon entreprend la construction de l'édifice, Salomon est bien embarrassé concernant le choix des dimensions du bâtiment, "notre D. est plus grand que tous les autres dieux dit-il. Et qui serait capable de lui bâtir une Maison, quand les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le contenir?".
Salomon s'associa avec le Roi phénicien Hiram de Tyr, vieil ami du roi David, pour construire le Temple. Hiram de Tyr devait fournir des bois de cyprès et de cèdre, en échange de provisions de blé et d'huile. Salomon envoya en Phénicie, l'actuel Liban, des ouvriers pour y êtres initiés à l'Art de l'Architecture et de la Maçonnerie; s'adjoindraient à eux des maçons phéniciens, dont un homme d'exception, un initié par excellence, Houram Abi ou Hiram de Tyr à ne pas confondre avec le monarque du même nom. Houram Abi était habile au travail des métaux et à l'art de graver, autrement dit il était alchimiste et maçon, ce n'est pas un hasard si la mythologie maçonnique en à fait un personnage central, pour ses mystères initiatiques.
L'ensemble commandé à Maître Hiram par le sage Salomon, comprenait le palais royal, la maison de la forêt du Liban, le vestibule à colonnes, le vestibule du trône et la maison de la fille de pharaon.
Il faut souligner ici la puissance du jeune Royaume d'Israël et le prestige du fils de David, c'était la première fois dans l'histoire de l'Egypte qu'une princesse de sang royal était donnée à un souverain étranger.
Revenons à notre Temple, la plus célèbre des constructions du globe.
A l'orient, vers le sommet du plateau, s'élevait le Temple. Le tout était inclus dans une enceinte faite de trois rangées de pierre de taille, et d'une rangée de poutres de cèdre. La construction commença en l'an 480 après la sortie des fils d'Israël du pays d'Egypte, en la quatrième année du règne de Salomon d'après le texte biblique.
Si la date du départ d'Egypte divise les spécialistes, et reste par conséquent incertaine, en revanche on connaît la date de l'avènement de Salomon, qui aurait eut lieu vers 963 av. l'ère vulgaire. On estime donc généralement que les travaux commencèrent en 959 av. l'ère vulgaire, ils devaient durer 7 ans pour le Temple, 13 ans pour le palais royal, soit 20 ans pour l'ensemble.
On a tenté maintes fois de reconstituer ce que fut le Temple de Salomon d'après les descriptions détaillées, mais peu claires des chapitres 6 et 7 du Livre des Rois et 3 et 4 du Livre des Chroniques. D'où une imagerie foisonnante au cours des siècles, depuis les restitutions fantaisistes à celles qui essaient d'être les plus proches du texte.
Conformément aux prescriptions de la Loi, le Temple fut bâti de pierres non taillées: les tailler eût été les profaner; aussi "aucun outil de fer ne fut entendu dans la Maison quand on bâtissait". Alors comment avait-on bâti la Maison de D. si il était impossible d'utiliser des ciseaux et des maillets? Le mystère reste entier, certaines sources parle d'un mystérieux insecte lithophage, le "shamir', que les maçons utilisèrent, et dont le souvenir existe encore dans la maçonnerie anglaise. Bien évidemment, aucun entomologiste féru de culture biblique, n'a retrouvé trace de ce singulier insecte.
Le bâtiment était de taille modeste contrairement à ce que l'on pourrait croire, de forme rectangulaire, il avait 60 coudées de long, soit environ 30 mètres, 20 coudées de large, soit environ 10 m., et 30 coudées de haut, soit 15 m. Comme nous l'avons vu précédemment, il était divisé en trois parties, le Ulam ou vestibule, le Hékal ou Saint, et le Debir ou Saint des saints.
Devant le Ulam, s'élevait deux colonnes qui devaient avoir une formidable destinée en Franc-Maçonnerie, Boaz et Yakîn, qui furent brisées et emportées lors du sac du Temple par Nabuchodonosor en 586 av. l'ère commune. Une tradition nous apprend que ces colonnes étaient creuses, et qu'elles contenaient de livres écrits avant le Déluge, contant l'histoire de l'humanité et décrivant le savoir de celle-ci. Les colonnes sont en ce sens, le symbole de la connaissance oubliée et cachée, de l'ésotérisme.
Les augmentations de salaire chez les Compagnons ont lieu près des colonnes, réplique de celles du Temple de Salomon, ont transmet effectivement de manière symbolique le savoir aux mystes, un savoir antédiluvien...
Le vestibule donnait accès au Saint qui lui-même précédait le Saint des saints où était déposée l'Arche d'alliance. Le Livre des Chroniques nous indique une hauteur de 120 coudées pour cette salle, soit près de 54 mètres, ce qui semble exagéré compte tenu des dimensions cités plus haut. Par une double porte en bois de cyprès, dont l'huisserie était en bois d'olivier décorée de chérubins et de palmes, on pénétrait dans le Hékal. Vaste salle de 20 m sur 10, lambrissée de planches de cèdre recouvertes d'or et parquetée de cyprès; les boiseries étaient décorées de motifs floraux sculptée.
Le Hékal et le Debir étaient entourées, au nord, à l'ouest et au sud, par un déambulatoire de trois étages, plus large au sommet qu'à la base. Le déambulatoire possédait 33 chambres de service par étage, destinées aux prêtres et aux magasins. On accédait à ces salles par un escalier tournant, situé sur le côté droit du sanctuaire.
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C'est par cet escalier en colimaçon, que l'on accédait à ce que le livre des Chroniques nomme "la Chambre du Milieu", qui deviendra dans la Franc-Maçonnerie le lieu où les Maîtres se réunissent. Ce qui rattache une fois de plus cette organisation au Temple de Jérusalem du Royaume Hébreu.
L'accès au Saint des saints était fermé par des vantaux de bois, d'après le livre des Rois, d'autres sources font état d'une tenture pourpre brodée de chérubins, qui rappelait peut-être le sanctuaire du désert. Cette source étant tardive, il est probable que ce voile n'existait pas dans le Temple de Salomon.
De part et d'autre de cette ouverture, dans le Hékal, étaient placés dix candélabres d'or, dont les lampes brûlaient la nuit en l'honneur d'Adonaï. L'autel des parfums était placé devant la porte du Debir, dans l'axe du Temple. De forme rectangulaire, l'autel des parfums était en bois de cèdre revêtu d'or, à ses angles était suspendu divers ustensiles cultuels: bassins, couteaux, coupes, cassolettes. A sa droite était la table des pains de proposition, ces pains au nombre de 12 étaient des gâteaux de fleur de farine, qui étaient "proposés" à Adonaï. Les pains étaient changés chaque Sabbat, et seuls les prêtres pouvaient les consommer.
Le Debir, le Saint des Saints était une pièce cubique de 10m de côté sans fenêtre. Adonaï, le D. vivant, présent dans l'Arche d'alliance, y demeurait dans l'énigmatique "sombre nuée." Deux chérubins, les ailes déployées, à face humaine, protégeaient l'Arche de part et d'autre, hauts de 5 m, ils avaient une envergure de 10 mètres paire d'ailes contre paire d'ailes.
L'ensemble du sanctuaire était tapissé de boiseries sculptées de chérubins, de coloquintes, de guirlandes de fleurs, le tout revêtu d'un placage en or. Le toit était probablement en terrasses, soutenues par des poutres en bois de cèdre.
Sur le parvis, face à l'entrée tournée vers l'Orient, s'élevait l'autel des holocaustes, on y montait probablement par degré, et était en bronze. Ses dimensions auraient étaient de 20 coudées de côté et 10 coudées de haut. La tradition situe cet autel des holocaustes, sur le rocher actuellement inclus dans la mosquée d'Omar.
Près de cet autel, s'élevait une estrade de bronze de 5 coudées de côté et de 3 coudées de haut, qui servait de tribune au Roi Salomon au jour de la Dédicace. Il s'y tenait debout et il est probable qu'au cours de la cérémonie, il s'y agenouillait.
Du côté de la colonne Yakîn, au sud-est était placée la "mer d'airain", énorme bassin de bronze de 10 coudées (5m) de diamètre et 5 coudées (2,50m) de haut. Cette mer d'airain reposait sur 12 boeufs de bronze répartis en 4 groupes tournés vers chacun des points cardinaux. Cette vasque prodigieuse pouvait contenir près de 72 000 litres d'eau. Quelle était la fonction de ce bassin? Il est probable qu'il servait à l'ablution des prêtres, une autre hypothèse fait de cette mer d'airain un observatoire astronomique sur lequel était réglé les cérémonies du Temple, reliant ainsi le Temple aux rythmes du Cosmos, cette idée est loin d'être absurde.
La mer d'airain évoque peut-être le lac sacré des temples égyptiens, mais plus surement les bassins du même type des temples mésopotamiens. S'y ajoutaient dix bassins montés sur roues, ornés d'une faune symbolique et où on lavait ce qui servait à l'holocauste. Chacun de ces bassins pouvaient contenir 1456 litres d'eau.
Non seulement la mer et les bassins, mais les ustensiles du culte, comme les colonnes et les chapiteaux, étaient en bronze poli, exécutés par Hiram le bronzier, Hiram l'alchimiste.
Le trésor du Temple de Jérusalem, est aussi célèbre que le trésor des Templiers, il devait être fabuleux, puisqu'il servit aux rois de Yehuda à payer le tribut exigé par les différents envahisseurs, et ce pendant plusieurs siècles. La vision de la caverne d'Ali Baba des contes des Mille et Une nuits, illustre bien ce que fût ce trésor, entreposé dans les sous-sol du Temple.
Il faut souligner que les deux colonnes Yakîn et Boaz, n'avaient aucune utilité architectonique, leur fonction semble bien être emblématique, symboles d'une connaissance évanouie dans le brouillard de l'histoire.
Le Temple de Salomon n'a pas fini de faire parler de lui, au cœur de la mythologie maçonnique, repris par moult traditions et mouvements spirituels, il est une œuvre suprahumaine, éternel, si les pyramides d'Egypte sont toujours présentes, le Temple n'est plus, et pourtant, il est plus présent au cœur des hommes que les tombeaux égyptiens.
De nos jours dans l'Etat hébreu reconstitué, à Jérusalem, capitale du Roi David, sur l'esplanade du Temple, existe un lieu hors du commun, une porte ouverte sur un autre monde, sur une autre réalité, siège de phénomènes étranges d'après certains témoins, cet endroit n'est autre que l'ancien Debir du Temple de Salomon, où se manifestait l'Eternel dans toute sa Gloire.
Pour conclure, il existe près de l'emplacement du Temple, à l'ouest de l'arche de Wilson, une salle de 18x25 m souterraine, que l'on appelle la chambre maçonnique, son nom provient du fait que des francs-maçons l'utilisèrent longtemps, croyant qu'elle servait à des cérémonies initiatiques sous le règne du Roi Salomon.
Pour terminer, je citerais l'un des plus vieux textes des guildes de constructeurs médiévaux que nous possédions aujourd'hui : le manuscrit Cooke MS qui est daté entre 1350 et 1390, rédigé en "moyen anglais". Je cite:
" Quand les enfants d'Israël étaient en Egypte, ils apprirent l'art de la maçonnerie. Ils furent ensuite chassés d'Egypte et vinrent au pays imposé, que l'on appelle maintenant Jérusalem. Là, ils employèrent cet art, et tinrent et observèrent les Charges. A la construction du Temple de Salomon, commencée par le roi David, comme le roi David aimait les Maçons, il leur donna des statuts et des charges presque semblables à celles d'aujourd'hui. Et à la construction du Temple sous le règne de Salomon, il est dit dans la Bible, dans le troisième Livre des rois, que Salomon avait quatre milliers de maçons à son service; et le fils du roi de Tyr était son Maître maçon. Et il est dit dans d'autres chroniques et dans les anciens livres de la Maçonnerie que Salomon confirma les statuts que son père David avait donné aux maçons. Salomon en personne leur enseigna leur usages, qui n'étaient guère différents des usages actuels. Puis cette puissante science fut introduite en de nombreux autres pays ». Fin de citation.
Ce texte souligne l'existence de "Charges" maçonniques traditionnelles, une coutume opérative, instituant une forme d'institution organisée, à l'époque du roi David et du roi Salomon, très peu différentes des règles des maçons opératifs. Nous trouvons également la source selon laquelle, la moderne franc-maçonnerie remonterait à l'époque de la construction du Temple du roi Salomon. Ainsi certaines de nos pratiques actuelles, proviendraient de pratiques correspondantes dans les loges maçonniques qui auraient existé pendant cette période éloignée.
Enfin, ce texte fort précieux pour notre histoire, signale l'existence "d'autres chroniques" et d'"anciens livres de Maçonnerie", qui témoignent que même à l'époque de Salomon, il existait une tradition maçonnique fort ancienne, qui remontait peut-être à la construction de la Tour de Babel.
Cette planche démontre l'actualité archéologique de la Bible, nous finirons ce travail sur une phrase du Pr. Albright, l'un des plus grands archéologues de notre temps:
- Le scepticisme excessif à l'égard de la Bible, cultivé par d'importantes Ecoles historiques du XVIIIe s. et du XIXe s., et qui réapparaît encore périodiquement, est peu à peu discrédité. De découverte en découverte, la réalité d'innombrables détails se confirme et la valeur de la Bible, en tant que source historique, se fait reconnaître. Avec les progrès de la recherche archéologique, la Bible brillera d'un éclat de plus en plus vif sur le fond de l'antique Orient.
ADAMA