Les truites

LES TRUITES

 

Pour beaucoup de pêcheurs, la truite exerce une sorte d'attirance et de fascination, faisant d'elle le poisson le plus convoité en France. Est-ce la sportivité de sa pêche, sa vivacité, la beauté de sa robe, sa défense passionnante ou sa valeur gastronomique? Un peu tout à la fois. Cependant, hors du rêve et pour rétablir une certaine vérité, il faut dire que la truite n'est sûrement pas le poisson difficile et inaccessible réservé à l'élite des pêcheurs. Une bonne expérience dans tous les domaines de la pêche en eau douce prouve même que la capture de la truite fario est bien plus facile que celle d'autres poissons que l'on dit moins nobles.
Un des grands intérêts de la pêche à la truite est qu'elle peut mettre en jeu presque toute la palette des techniques modernes et anciennes en suivant les mois et les saisons. Un pêcheur de truites est donc un pêcheur pratiquement complet, ayant la possibilité de transposer, puis d'utiliser son savoir-faire pour la pêche de bien d'autres poissons.
La truite (comme le saumon) fait partie de la famille des salmonidés; qu'elle soit truite fario, truite de lac, truite de mer, truite de rivière ou truite de ruisseau, c'est absolument la même espèce; les différents caractères morphologiques et les couleurs ne dépendent que d'une adaptation au milieu de vie.

La truite fario peuple communément les rivières et les ruisseaux d'eaux vives. Elle est caractérisée par un corps fuselé de forme parfaitement hydrodynamique, bien adapté à la nage rapide et le franchissement des cascades à travers les courants torrentueux. Sa tête, bien profilée, porte une large bouche, fendue presque jusqu'aux ouïes, qui lui permet d'attraper en pleine course des proies volumineuses telles que des poissonnets. Sa queue n'est pas échancrée (ce qui permet de la différencier des tacons) et, comme tout salmonidé, elle porte une nageoire adipeuse entre la nageoire dorsale et la queue. Selon les milieux, le mimétisme joue à plein et sa coloration est extrêmement variable; avec une robe presque noire dans les ruisseaux ombragés, elle peut virer au blanc brillant sur des parcours dégagés et ensoleillés. De même, les petits points caractéristiques qui parsèment son corps peuvent être noirs, rouges ou orange. Depuis quelques années, on constate l'hybridation de la truite autochtone avec les truites de pisciculture introduites par les alevinages; ainsi, des races « artificielles », aux aspects très différents, peuvent arriver à supplanter les races locales. Aborder le problème de la taille de la truite, c'est aussi faire de la géographie et de la biologie. On ne peut fixer aucune règle précise, tout est fonction de la nature du terrain et de la richesse du cours d'eau. Une truite adulte (à 3 ans) peut mesurer: 14 cm dans les eaux glacées de la haute montagne, 23 cm en moyenne montagne, et 30 cm en plaine. Actuellement, sur les pêches banales, on peut considérer qu'une truite de 25 cm est très belle et qu'à 35 cm, c'est un poisson remarquable (mais dans certains cours d'eau protégés, on peut capturer des truites fario pouvant peser jusqu'à 6 kg).

 

    Comportement :

   

On admet généralement que la truite fario ne peut vivre que dans des eaux fortement oxygénées, ne dépassant pas 18°. C'est vrai dans les régions qui conservent encore un important cheptel de truites sauvages, tels les massifs montagneux des Pyrénées, des Alpes, du Massif central, l'est, le nord-ouest de la France. En revanche, grâce aux alevinages massifs effectués par les sociétés de pêche, certains cours d'eau « à blancs » se sont progressivement transformés en cours d'eau à truites; actuellement, on peut dire que la truite fario est présente dans presque toutes les régions de France.
La truite fario vit sur un poste qu'elle peut partager avec d'autres truites et même d'autres espèces de poissons: c'est son poste dit « de repos». Lorsqu'elle veut se nourrir, elle gagne son « poste de chasse» à l'arrivée d'un courant où, solitaire, elle fait de petits déplacements horizontaux ou verticaux afin de se saisir des particules alimentaires et proies passant à sa portée. Pour chasser le vairon, elle gagne les gravières et, à pleine vitesse, poursuit les petits poissons affolés. Lorsque la truite a été apeurée, ou que les conditions météorologiques sont défavorables, elle gagne son « poste de fuite » ou « poste de sécurité » où, à l'abri sous un rocher ou dans un trou de la berge, elle va rester cachée, parfois pendant plusieurs jours.
Pendant la saison froide, la truite vit dans les gouffres profonds puis, lorsque les eaux se réchauffent, elle « monte » dans les courants de plus en plus vifs.

Malgré quelques inquiétudes ici ou là, la truite fario ne semble pas être en danger. Dans les régions où elle était naturellement implantée, si la qualité des eaux est encore bonne, le cheptel de truites se maintient à un niveau assez stable, voire satisfaisant, car on y trouve toutes les générations, de l'alevin au gros géniteur. Un des problèmes préoccupants provient surtout des alevinages dits « surdensitaires » qui, par l'introduction d'une quantité trop importante de sujets de pisciculture de toutes les tailles, peuvent détruire l'équilibre biologique et trophique d'un cours d'eau.

La truite est qualifiée de « petit migrateur», c'est-à-dire qu'à la période du frai elle peut parcourir une certaine distance afin de remonter dans les petits cours d'eau, ruisseaux et rigoles pour y rechercher des frayères propres, oxygénées et dépourvues de poissons prédateurs. La réussite de la ponte dépend surtout du niveau des cours d'eau en automne ou au début de l'hiver. Si les géniteurs ne peuvent franchir les obstacles placés en travers de leur chemin, la fraye a lieu dans les grands cours d'eau où, immédiatement, les neufs deviennent la proie des vairons et des poissons blancs. De tous les poissons de rivière, la truite est celui qui a le taux de fécondité le plus faible (1 000 à 2 000 neufs par kilo de son poids), mais, en compensation, de gros efforts de réempoissonnements en sujets de pisciculture sont consentis par de nombreuses sociétés de pêche.

 

    Régime Alimentaire :

 

Dotée d'une capacité d'absorption peu commune, la truite se nourrit indifféremment d'une multitude de proies, surtout animales, mais parfois végétales. En période de grande activité alimentaire, c'est un redoutable carnassier qui pourchasse vairons, goujons, alevins de poissons blancs et même les truitelles. Entre-temps, elle recherche les larves, les nymphes, les vers, les chenilles, les grenouilles, les tétards... Excellent poisson moucheur, la truite fario « monte » en surface et gobe la quasi-totalité des insectes aquatiques et terrestres tombés à l'eau et cela à tous les stades de leur évolution. Les déchets domestiques, pain, fromage, pâtes alimentaires, etc. dont partie de son menu, mais, plus surprenant, elle ne dédaigne pas à l'occasion les graines et les céréales. En revanche, en certaines périodes, la truite 'peut, malgré sa voracité, rester de longs jours dans aucune activité alimentaire, vivant des réserves qu'elle s'était constituées auparavant à cet effet. Cela tendrait à expliquer certains moments de « folie » où, sans aucune prudence, la truite se jette avidement sur tous les appâts et leurres en se laissant capturer sans la moindre difficulté.

 



19/03/2007
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