De la chevalerie terrienne à la chevalerie célestielle au Moyen-Âge

PASSAGE DE LA CHEVALERIE TERRIENNE A LA CHEVALERIE CELESTIELLE AU MOYEN-AGE

 

par

 

Arthur

 

 

Dès la fin du XIIe siècle, en Allemagne, Hartman von Aue tente, de réconcilier l’Eglise et la chevalerie. Dans son roman, Der arme Heinrich, le héros possède toutes les vertus chrétiennes et chevaleresques, à l’exception de l’humilité, ce qui lui vaut d’être châtié par Dieu : il devient lépreux. Seul pourrait le sauver le sacrifice d’une vierge. Mais l’amour de celle-ci suffit ; il l’épouse et revient à la chevalerie, guéri de sa lèpre et de sa suffisance.

Wolfram von Eschenbach, au début du XIIIe siècle, reprend et prolonge à son tour Chrétien de Troyes. Son héros, Parzival, ajoute à la noblesse de son sang et à sa vaillance guerrière des vertus sociales et spirituelles qu’il exprime dans un roman baigné d’une atmosphère religieuse inexistante chez son modèle français, en particulier par l’insistance sur la pénitence comme moyen de Rédemption. Non seulement il réconcilie l’amour et le mariage, mais il assigne à la chevalerie une mission d’ordre spirituel. Au contraire, Gottfried von Strassburg, s’inspirant de Tristan et Iseut, place à nouveau l’amour comme valeur centrale, absolue, et prône une sorte de religion mystique de l’amour sensuel. En France, aussi, la problématique ouverte par Chrétien de Troyes donne lieu à des réponses divergentes. A la fin du XIIe siècle, un roman âpre et cruel d’origine probablement cistercienne, Perlesvaus, offre pour seule voie de salut à la chevalerie du siècle l’engagement dans une guerre sainte imposant par la force le christianisme, autorisant toutes les outrances et toutes les violences au service de l’Eglise et de la Foi. Au-delà de ce qui pourrait passer à nos yeux modernes pour une forme inacceptable d’intolérance, il faut y voir une lutte sans merci contre l’ennemi suprême c’est-à-dire soi-même au moyen des armes spirituelles et de la Foi. Le chevalier n’est plus un soldat, une force brute, mais un véritable ascète, un moine religieux ou laïque, au service de Dieu, non pour détruire mais pour édifier le Royaume du Très Haut sur la Terre. Pour défendre les hautes valeurs morales et éthiques. Les récits de la Table Ronde s’inscrivent dans cette perspective, ils se réclament de cet héritage spirituel appartenant à tout homme et femme digne de le recevoir, faisant d’eux des Gardiens du Saint-Graal.

 



17/03/2007
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