La maison hantée de Labastide-Paumès - FRANCE
LA MAISON HANTEE DE LABASTIDE-PAUMES
Photographie actuelle du village de Labastide-Paumès, le presbytère hanté était situé à 40 mètres de l'église paroissiale.
Cette affaire fort bien documentée est extraite du livre de l'astronome Camille Flammarion, édition de 1926, les Maisons Hantées, Ed. Ernest Flammarion.
"J'ai tenu secret, pendant plus de vingt ans, des faits étranges, inouïs dont je vais donner une description précise et d'une rigoureuse exactitude. Dans les premiers jours de 1867, j'étais instituteur public à Labastide-Paumès (Haute-Garonne). J'avais alors vingt ans.
Mon domicile, situé à 40 mètres de l'église paroissiale, était un ancien presbytère mis en entier à ma disposition. Encore tout délabré en 1865, il fut réparé au commencement de 1866 pour en faire précisément ma maison d'habitation. Il avait, à mon arrivée, toutes les apparences d'une construction remise à neuf.
Le rez-de-chaussée, trop bas pour pouvoir être habité, me servait à la fois de cave et de bûcher. Il communiquait avec le premier étage par un large escalier de chêne. Au pied de l'escalier étaient deux portes, l'une donnant au dehors, l'autre adns le rez-de-chaussée qui n'avait pas d'autres ouverture intérieure.
Je n'ai jamais utilisé les combles.
J'habitais exclusivement le premier, en compagnie de mon frère Vital, aujourd'hui professeur de mathématiques au lycée de Belfort, et de ma soeur Françoise. L'appartement se composait de quatre pièces très spacieuses, qui sont désignées sur le plan ci-joint par les lettres A,B,C,D. - A, était la cuisine, et en même temps salle à manger; B, ma chambre à coucher; C, la chambre de mon frère; D, celle de ma soeur. E indique le palier de l'escalier situé en premier. La salle d'école ne faisait point partie du presbythère, elle y était simplement adossée; la construction n'en remontait qu'à 1865.
Le soir, nous nous couchions généralement vers neuf heures, pour nous lever à six heures du matin. Avant de me coucher, je fermais avec soin les ouvertures donnant au dehors, et l'unique porte qui mettait le premier en communication avec le rez-de-chaussée. Je n'avais ni chat, ni chien, ni oiseaux en cage. La maison venait d'être réparée, les bêtes du voisinage n'auraient pu s'y introduire.
Je dois dire, avant d'entrer dans le coeur du récit, que je ne passe pas pour appartenir à une famille d'illuminés; je livre d'ailleurs mon nom, j'indique en toutes lettres ma résidence actuelle : on peut se renseigner sur mon état mental.
Or, une nuit d'avril 1867, vers les onze heures, je fus réveillé en sursaut par un bruit singulier : des coups secs, assez violents, étaient frappés sur la table et sur le buffet de la cuisine, comme avec un bâton que l'on tiendrait tantôt horizontalement, tantôt verticalement.
J'écoute :
Pan! pan! pan!
Quelques instants après :
Pan! pan! pan!
Chose bizarre, je n'eus pas peur. En un tour de main, j'allume la bougie, je saute en bas du lit, traverse ma chambre, le corridor, et pénètre dans la cuisine. Je n'y remarque rien d'insolite et n'entends plus le moindre bruit. Je descends l'escalier : les deux portes dont j'ai parlé plus haut étaient fermées à clef et les verrous en étaient poussés. Nul être humain n'avait pu s'esquiver par là; car comment dans sa fuite, eût-il pu, du dehirs ou de l'intérieur du rez-de-chaussée, refermer de cette façon, en laissant les clefs dans leurs serrures?
Je n'avais pourtant pas rêvé!
Je remonte à la cuisine; j'ouvre le buffet : rien! Je projette la lumière de la bougie à l'intérieur de la cheminée : les tuiles, posées là pour empêcher la pluie de tomber sur le foyer tout en laissant passer la fumée, étaient à leur place. Je traverse de nouveau la cuisine, le couloir et ma chambre à coucher; je pénètre dans la chambre de mon frère, dans celle de ma soeur : ils dormaient profondément. "Evidemment, me dis-je, j'ai dû rêver!". Je me recouche. A Peine avais-je soufflé ma bougie que le tapage recommençait :
Pan! pan! pan!
Puis des assiettes remuaient dans l'évier, des cuillères et des fourchettes sautaient dans un tiroir, les chaises de la cuisine dansaient. Cela dura jusqu'a vers trois heures du matin et se renouvela, les nuits suivantes, pendant deux semaines. Cependant chaque matin à mon lever je retrouvais intacts, disposés comme ils l'étaient au moment du coucher, les verres et les assiettes, que leur furieux cahots eussent dû réduire en miettes!
Une fois seulement, une chaise fut retrouvée renversée: une serviette posée la veille sur le dossier de ce siège avait été projetée à 50 centimètres environ. A cette vue, un frisson me traversa ; pour la première fois depuis la manifestation du phénomène je me sentis secoué paru ne peur absurde, irraisonnée. Pourquoi ne pas le dire?
Un soir, avant de me mettre au lit, j'avais bu de l'eau sucrée. La cuillère à café qui m'avait servi à remuer le sucre fut laissée dans le verre, sous lequel j'avais glissé un billet portant ces mots : "si des esprits font ce vacarme, je les supplie de se tenir tranquilles et de nous laisser dormir."
Pendant plus de trois heures, la cuillère tourna dans le verre avec des repos intermittents d'une minute à peine. Une fois au moins, deux fois je crois, le verre sembla rouler sur la table sans tomber sur le dallage de la cuisine où il se fût brisé. En me levant, je retrouvai le verre, le billet, la cuillère placés absolument comme la veille! Une nuit trois coups retentirent sur le bois de mon lit : ils paraissaient produits par un bâton tombant perpendiculairement sur le panneau. Cette fois un ami (T.L...) avait consenti à passer la nuit en ma compagnie; il m'apostropha polliment : "Je crois bien que vous avez quelque pouvoir infernal et que, sans avoir l'air, c'est vous qui faites le charivari!", me dit-il avec fermeté. On trouvera plus loin une attestation écrite et signée par lui.
Une autre nuit, ce fut un camarade d'enfance (L.N...) qui voulait bien venir chez moi : je produis également son atttestation. Je donne aussi une déclaration de l'abbé Ruffat qui, l'an dernier encore, en dépit de ses quatre-vingt-six ans, desservait la proisse de Labastide-Paumès. On lira, en outre, le témoignage de mon frère Vital. Tous ces témoins vivent encore.
Une nuit j'entends marcher dans la cuisine. C'était un pas lourd, pesant, d'homme ou de femme. Je m'y rendis et ne pus constater qu'un silence complet et l'absence totale d'êtres visibles!
Une autre fois, je m'étais absenté pour rentrer assez tard. Pendant une heure au moins, mon frère avait ouï distinctement des pas dans ma chambre à coucher. Croyant que j'étais rentré, il m'avait à diverses reprises, interpellé de son lit, me demandant de le laisser dormir. A mon retour, il cria de nouveau furieux. "Vas-tu nous laisser reposer enfin? Voilà plus d'une heure que tu nous assourdis!"
- "Mais je rentre, lui répilquai-je très ému ; je rentre à l'instant même. Pourtant, je conçois ta mauvaise humeur, pour la bonne raison qu'en gravissant l'escalier, j'ai entendu le sabbat dans la cuisine."
Et c'était vrai.
Cet inexplicable vacarme commençait à m'inquiéter, et je me décidai un beau matin à en parler au desservant de l'endroit, le vénérable abbé Ruffat. Le digne homme reçut ma déclaration avec plus d'indifférence apparente que d'étonnement; il me répondit : "Tout cela est, sans doute, de faible importance. La maison est vieille; il y a fort longtemps qu'elle n'a pas dû être bénite : si le vacarme se renouvelle, je m'y rendrai, je la bénirai, et comme une prière faite à Dieu est souvent exaucée, peut-être n'entendrez-vous plus rien."
Dès ce jour, en effet, le bruit cessa tout à fait. Cette coïncidence est bien singulière, si elle n'est pas la plus étonnante des étrangetés que je relate ici."
J. Salières, Professeur de mathématiques au lycée de Pontivy.
ATTESTATIONS
I
J'atteste que tout ce que mon frère déclare sur des faits qui se sont passés, en 1867, à Labastide-Paumès, canton de l'Isle-en-Dodon (Haute-Garonne), dans la maison mise par la commune à la disposition de l'instituteur, sont de la plus rigoureuse exactitude.
Signé : Vital-Salières,
Professeur de mathématiques au lycée de Belfort.
Belfort, 25 Janvier 1891
II
En 1867, M.J. Salières, instituteur à Labastide-Paumès, m'ayant demandé de passer une nuit chez lui, pour y être témoin de phénomènes extraordinaires, il s'est produit ceci :
Vers les 11 heures du soir, des coups assez violents ont été frappés, comme avec un bâton tenu horizontalement, sur la table et sur le buffet de la pièce qui servait de cuisine. En même temps, les chaises dansaient, les assiettes remuaient sans se casser, des verres se heurtaient, qui furent retrouvés intacts. Vers une heure du matin, trois coups distincts, assez forts, furent frappés dans la chambre même où nous nous tenions, sur le bois du lit de M. Salières.
La maison tout entière était occupée par M. Salières, un de ses frères et une de ses soeurs. Ceux-ci ne pouvaient, en aucune façon, être les auteurs de ce vacarme qui se produisait exclusivement au premier. Toutes les ouvertures donnant sur le dehors, ainsi que l'unique porte qui mettait le premier en communication avbec le rez-de-chaussée, étaient soigneusement fermées.
Nul être humain n'avait pu s'introduire du dehors dans la maison, en pénétrant par l'une de ces ouvertures. D'ailleurs, en fouillant l'appartement, on ne remaquait nulle part rien d'insolite. Je tiens comme absolument impossible que ces phénomènes pussent être produits par des êtres vivants de la vie terrestre.
Signé : T.L...
Labastide-Paumès, le 26 Janvier 1891.
III
A l'époque où M. Salières, acutellement professeur de mathématiques au lycée de Pontivy, était l'instituteur à Labastide-Paumès, en 1867, il m'a parlé un jour de passer une nuit chez lui pour faire certaines constatations. Vers les 11 heures du soir, les portes et les fenêtres qui donnaient sur le dehors étant solidement closes, et la maison ayant été soigneusement visitée par lui et par moi, nous avons entendu frapper très fortement sur la table de la cuisine : Pan! pan! pan! Cela dura bien jusqu'à trois heures du matin au moins.
Il fut frappé aussi sur une porte et sur un buffet; le buffet se trouvait dans la cuisine, la porte y donnait accès. Une bougie ayant été allumée, un examen minutieux fut fait de l'appartement. Tant que dura notre visite, on n'entedit rien; mais aussitôt la bougie éteinte, le bruit recommença. Ne pouvant admettre que des êtres en chair et en os puissent "s'introduire dans les habitations par des trous de serrure pour agir invisiblement, je dois avouer que ces faits sont aussi inexplicables qu'incontestables.
Signé L.N.
Labastide-Paumès, le 19 Février 1891
Commentaire de Camille Flammarion, astronome :
Que prouvent ces observations? Elles prouvent, comme les précédentes, qu'il y a des maisons hantées, et que ceux qui les nient ignorent ces faits ou sont de mauvaise foi. Prendre les observateurs pour des hallucinés n'est pas admissible. Je ne discute pas l'explication. Je constate la réalité. L'explication à trouver n'est pas aussi simple que cette constatation. Je pense avec Barrett et Richet que les témoignages sont trop précis pour qu'il soit possible de les nier.
Un grand nombre de cas, sévèrement examinés, établissent qu'il y a des mouvements d'objets sans contact, et des bruits dont aucune explication mécanique ordinaire ne peut rendre compte. Nous pouvons dans tous les cas, conclure de ce qui s'est passé là à la maison de l'instituteur, qu'il y a des êtres invisibles.
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