SERMENT ET OBLIGATIONS DES CHEVALIERS TEMPLIERS
(Histoire des templiers par J.J.E. Roy. Editeur A. Mame - 1848)
SERMENT ET OBLIGATION DES
CHEVALIERS TEMPLIERS
Commentaire : Ce texte précieux nous montre le serment prêté par les Chevaliers de l'Ordre du Temple, dans la province du Portugal. Il est très intéressant. D'un côté une orthodoxie catholique certaine, qui est très loin des accusations d'hérésie dont on les accusa, mais de l'autre certains éléments différents, comme l'omniprésence du "trois". Trois qui renvoit peut être à la Trinité, mais qui fait penser également à l'importance de ce chiffre dans la Franc-Maçonnerie. Voici donc un extrait du livre l'histoire des Templiers de Roy en date de 1848, et qui est un véritable petit bijou de renseignements sur l'Ordre, ce livre se veut dans la ligne catholique, il est dans la collection "bibliothèque de la jeunesse chrétienne approuvée par Mgr l'archevêtque de Tours", mais les étrangéités avec cette omniprésence du ternaire, dans ce serment, malgré toute cette orthodoxie ressortent quand même. A vous de vous faire une opinion.
La principale dignité des Templiers était celle de grand-maître, qui était le chef de l'ordre entier, et ne reconnaissait de supérieur que le pape ; au-dessous de lui étaient les précepteurs, et par la suite les prieurs ; ensuite les visiteurs, puis enfin les commandeurs. La réception des chevaliers était accompagnée de cérémonies mystérieuses et de formules allégoriques, qui donnèrent lieu dans la suite à des abus réels, et à des calomnies absurdes, comme nous le verrons dans la dernière partie de cet ouvrage. Dans l'origine, voici quelles étaient ordinairement les formes d'une réception.
Le chapitre s'assemblait dans l'église, et presque toujours la nuit ; le récipiendaire attendait au dehors. Le chef qui présidait le chapitre envoyait à trois différentes reprises deux frères, qui demandaient au néophyte s'il voulait être admis dans la milice du Temple. Cet interrogatoire était trois fois répété ; alors le récipiendaire devait demander trois fois le pain et l'eau, ensuite on l'introduisait.
Le chef du chapitre, lui adressant alors la parole, lui disait « les règles de l'ordre sont sévères, vous vous exposez à de grandes peines, à d'imminents dangers, quand vous voudrez dormir il faudra que vous veilliez, il faudra supporter les fatigues quand vous voudrez vous reposer ; souffrir la faim et la soif quand vous voudrez boire et manger ; passer dans un pays quand vous voudrez restez dans un autre. » Ensuite il lui faisait ces questions : « Voulez-vous êtres chevalier ? Etes-vous sain de corps ? N'êtes-vous point marié ou fiancé ? N'appartenez-vous pas déjà à un autre ordre ? N'avez-vous pas de dettes que vous ne puissiez acquitter par vous ou par vos amis ? ».
Quand le récipiendaire avait répondu d'une manière satisfaisante à chacune de ces questions, il prononçait ses vœux : Pauvreté, chasteté, obéissance, et se consacrait à la défense de la Terre-Sainte. On trouve, dans les privilèges de l'ordre de Citeaux, la formule du serment des chevaliers du Temple ; la voici : « Je jure de consacrer mes discours, mes forces et ma vie à défendre la croyance de l'unité de Dieu et des mystères de la foi : je promets d'être soumis et obéissant au grand-maître de l'ordre ; quand les Sarrasins envahiront les terres des chrétiens, je passerai les mers pour délivrer mes frères ; je donnerais secours de mon bras à l'Eglise et aux rois contre les princes infidèles ; tant que mes ennemis ne seront que trois contre moi, je les combattrai, et jamais ne prendrais la fuite ; seul je les combattrai, si ce sont les mécréants. »
Chacun des dignitaires prêtait un serment particulier quand il recevait un nouveau grade ; la formule de ces serments n'est pas venus jusqu'à nous ; mais on pourra en juger par celle du serment que devait faire le maître ou prieur du Temple de la province de Portugal, et qui a été conservée dans un manuscrit de l'abbaye d'Alcobaza. Voici cette formule rapportée par Chrysostôme Henriquez, Maurique, Britte et autres historiens.
« Je, N***, chevalier de l'ordre du Temple, et nouvellement élu maître des chevaliers qui sont en Portugal, promets à Jésus-Christ mon Seigneur et à son vicaire N***, le souverain Pontife, et à ses successeurs, obéissance et fidélité perpétuelle, et je jure que je ne défendrai pas seulement de paroles, mais encore par la force des armes et de toutes mes forces, les mystères de la foi, les sept sacrements, les quatorze articles de foi, le symbole de la foi, et celui de saint Athanase, les livres tant de l'ancien que du nouveau testament, avec les commentaires des saints Pères, qui ont été reçus par l'Eglise, l'unité d'un Dieu, la pluralité des personnes de la sainte Trinité ; que Marie, fille de Joachim et d'Anne, de la tribu de Juda et de la race de David, est toujours demeurée vierge avant l'enfantement, pendant l'enfantement, et après l'enfantement, je promets aussi d'être soumis et obéissant au maître-général de l'ordre, selon les statuts qui nous ont été prescrits par notre père saint Bernard ; que toutes les fois qu'il sera besoin, je passerai les mers pour aller combattre ; que je donnerai secours contre les rois et les princes infidèles, et qu'en présence de trois ennemis je ne fuirai point et leur tiendrai tête, s'ils sont aussi infidèles, que je ne vendrai point les biens de l'ordre, ni ne consentirait qu'ils soient vendus ou aliénés ; que je garderai perpétuellement la chasteté, et que je serai fidèle au roi de Portugal ; que je ne livrerai point aux ennemis les villes et les places appartenant à l'ordre, et que je ne refuserai point aux personnes religieuses, principalement aux religieux de Cîteaux et à leurs abbés, comme étant nos frères et nos compagnons, aucun secours, soit par paroles, par bonnes œuvres, et même par les armes. En foi de quoi, de ma propre volonté je jure que j'observerai toutes ces choses. Dieu soit en aide et les saints Evangiles. »