Géographie physique d'Eretz-Israël, description du pays.

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

  

 GEOGRAPHIE PHYSIQUE D'ERETZ-ISRAEL

 

 

" L'homme contient tous les mondes. Il n'y a rien qui soit au-delà de ses capacités."

                                                             . Rabbi Nachman de Bratislava .

 

Dans cet article nous allons présenter la géographie de la terre Sainte, d'Eretz Israël, au coeur du Peuple Juif, lien fondamental de sa spiritualité. En introduction voici une citation de Shmuel Trigano:

 

" L'importance d'Etetz Israël pour le peuple juif tient à deux choses : d'une part à l'expérience d'une vie concrète dans ce pays à l'époque biblique et aux époques immédiatement postérieures, d'autre part à son statut central comme lieu d'observance des Commandements, un statut qui s'est exprimé dans une série de textes sacrés du judaïsme. Si le premier élément a perdu quelque peu de sa force au fil du temps, le second, en revanche, continua de préserver la vitalité du lien entre le peuple juif et ce pays. La situation paradoxale d'un peuple exilé de sa terre et continuant malgré tout d'y voir le centre religieux conférant une signification à une part notable de sa vie spirituelle, cette situation est caractéristique du cas d'Eretz Israël et du peuple d'Israël. La vie religieuse dans l'exil devint une sorte de situation provisoire, dans l'attente d'un retour à une vie plus pleine, avec le retour du peuple à sa terre. La littérature juive qui a  nourri le lien religieux et émotionnel avec Eretz Israël est diverse; elle va de la production halakhique à des écrits philosophiques et mystiques. Une juste compréhension des diverses significations du concept d'Eretz Israël doit passer par une analyse des influences mutuelles entre ces genres littéraires."

 

In. La Société Juive à travers l'histoire Tome IV, page 77).

 

 

APERCU GEOGRAPHIQUE SUR LA TERRE D'ISRAEL

 

 

I. SITUATION GENERALE ET RELIEF DE LA PALESTINE

 

Un premier examen d'une carte du Proche Orient ancien permet de découvrir que la Palestine se trouve au centre de l'ancien monde et forme une toute petite partie d'un vaste territoire que les géographes décrivent comme le "pays des cinq mers" (Méditerranée, mer Noire, mer Caspienne, le golfe Persique et la mer Rouge).

 

Un second examen de toute cette région qui cherche à tenir compte du régime hydrographique découvre sur la carte que la côte du Levant qui inclut la Palestine fait partie d'une aire géographique au tracé si particulier qu'elle a reçu le nom de Croissant fertile, région cultivable grâce à la présence des fleuves et, pour cette raison, relativement peuplée, enserrée entre la mer à l'ouest, le désert au sud et à l'est, les montagnes au nord, en particulier les hauts plateaux de l'Anatolie et de l'Iran. Le Croissant fertile est donc fermé à l'est par la Mésopotamie, arrosée par l'Euphrate et le Tigre ainsi que par d'autres rivières qui descendent des monts Zagros, à l'ouest par la côte du Levant où les traits du relief prennent une direction nord-sud, parallèle à la côte, enfin au sud par la riche vallée du Nil, séparée de la Palestine par la mer Rouge et le désert du Sinaï qui rend les communications assez difficiles. Ainsi entre la vallée du Nil et la Mésopotamie la côte du Levant constitue un étroit corridor. Tout le trafic commercial qui pouvait se faire entre la Mésopotamie et l'Egypte et vice-versa devait nécessairement emprunter ce véritable pont entre le nord et le sud, à moins d'adopter la voie maritime.

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En cas de conflit entre ces deux régions les armées adverses devaient, elle aussi, traverser la Palestine. A l'est le désert syro-arabique constitue en effet un véritable obstacle naturel que des groupes humains importants ne pouvaient songer à traverser. C'est dire que l'histoire de la Palestine sera, pour une large part, l'histoire de la lutte d'influence entre la Mésopotamie et l'Egypte pour contrôler le corridor palestinien.

 

Si l'on examine maintenant la Palestine du point de vue de la géographie physique, on peut diviser le pays en quatre zones de relief qui de l'ouest à l'est se présentent comme de longues bandes nord-sud.

 

a) la plaine côtière

 

Entre la mer et les premières collines la plaine côtière est assez étroite. Si dans le sud sa largeur peut être d'une trentaine de kms, dans le nord elle ne dépasse pas 12 kms et elle est même interrompue par l'éperon du Carmel qui pénètre dans la mer. Au-delà de ce point on retrouve une plaine côtière le plus souvent étroite, qui se poursuit jusqu'au Liban.

 

b) Les montagnes du centre

 

En partant du nord on rencontre successivement les collines de Haute et Basse Galilée qui représentent la fin du mouvement montagneux qui s'inaugure au Liban. Si la Haute Galiliée possède une altitude importate -le point culminant se trouve à 1207m- la Basse Galilée n'a qu'une altitude moyenne de 300 à 200m jusqu'à ce qu'on parvienne à la plaine de Yizréel / Esdrelon, vaste dépression qui permet de bonnes communications entre la vallée du Jourdain et la mer.

 

Au sud de cette plaine les montagnes réapparaissent avec la montagne de Samarie encadrée à l'ouest par le Carmel dont la masse est imposante (532m), à l'est par les monts de Guelboé (520m). Cette région de collines s'élève encore un peu plus vers le sud autour de Jérusalem qui est, elle-même, à 800m d'altitude, puis s'élève jusqu'à Hébron pour s'abaisser ensuite progressivement peu avant Beersheva.

 

 

c) Le Fossé jordanien

 

C'est le trait le plus curieux du relief palestinien, le plus orignal aussi. C'est une dépression qui s'étend depuis la Syrie jusqu'à la mer Rouge et bien au-delà puisqu'elle se continue en Afrique et donne naissance aux grands lacs africains.

 

Cette dépression commence au Liban; elle se situe entre la Chaîne du Liban qui domine la Méditerranée de toute sa masse sur près de 120 kms, parvenant au nord jusqu'à des sommets de plus de 3.000 m, et la chaîne de l'Anti-Liban, un peu moins élevée, prolongée au sud par l'Hermon (2.814 m). Cette dépression qiu se situe à une altitude moyenne de 1.000 m s'appelle la Bequ'a (= la vallée); celle-ci s'ouvre au nord sur la vallée de l'Oronte, mais au sud la Beqa'a se reserre sur une vingtaine de kilomètres; le relief se relève très nettement et permet le passage de deux vallées; celle du Litani qui tourne à angle droit autour de la pointe du Liban pour se jeter dans la mer, celle du Hasbani qui va se jeter dans le Jourdain.

 

En Palestine la dépression de la Beqa'a se continue par le fossé jordanien long de 420 kms depuis le pied de l'Hermon jusqu'au golfe d'Aqabah.

 

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Dominé par des falaises qui peuvent être assez raides, le Jourdain coule dans une fosse assez profonde comme l'indiquent les quelques données qui suivent. L'ancien lac Houlé, aujourd'hui disparu, est encore à 70 m d'altitude, mais plus au sud le niveau du lac de Tibériade est à -209 m par rapport au niveau de la Méditerranée, celui de la mer Morte à - 397,50 m (calcul fait en 1960) tandis que le fond de cette mer, dans sa partie nord, est à -797m, ce qui donne une profondeur de 400 m. A propos de la mer Morte signalons que sa salinité est la plus élevée du monde avec 31 gr de sels dissous pour 100 gr d'eau.

 

Au sud de la mer Morte la vallée est encore au-dessous du niveau de la mer pendant 60 kms; c'est la "arabah" qui va finir par se relever quelque peu avant de redescendre vers le golfe d'Aquabah. La dépression ne s'arrête pas là; on la retrouve sous la mer Rouge et jusqu'en Afrique.

 

d) le Plateau transjordanien

 

D'aspect très différent de celui qu'offrent les montagnes de la Palestine centrale, ce vaste plateau qui domine à l'est le fossé jordanien apparait au voyageur qui vient de l'ouest comme une ligne qui coupe l'horizon.

 

Ce plateau est divisé par quatre rivières profondément encaissées qui après bien des détours, parviennent à rejoindre le fossé jordanien.

Ce sont du nord au sud :

 

- le Yarmuk

- le Yabboq (= waddi Zerqa) Cf. Gen.32

- l'Arnon qui se jette dans la mer Morte

- le w. Zéred (= wadi el Hesa) au sud de la mer Morte.

 

Ce vaste plateau n'a cependant pas une hauteur uniforme, mais atteint facilement une altitude de 1.000 m en bien des endroits.

 

II. LES REGIONS DE LA PALESTINE

 

Malgré sa superficie réduite la Palestine offre un relief très varié. En fonction de la présence de l'eau et des possibilités agricoles le peuplement varie d'une région à l'autre. Au fur et à mesure de leur implantation dans le pays les tribus d'Israël, puis, plus tard, les habitants des royaumes de Juda et d'Israël ont adopté les noms qui désignaient certaines régions de leur territoire ou en ont créé d'autres. Nous nous proposons donc de faire connaissance avec la terre d'Israël en examinant chaque région telle qu'elle apparaît dans la Bible. Tout en respectant les caractéristiques de géographie physique, il s'agit de faire oeuvre de géographie historique. Nous passerons donc en revue les principales régions du pays en leur donnant leur nom biblique selon un ordre qui va du nord au sud.

 

 a) Les plaines

 

1. La plaine d'Asher

 

Elle s'étend depuis la frontière sud du Liban actuel jusqu'au mont Carmet. Son extrêmité nord est marquée par le Ras en Naqura, désigné aussi sous le nom d'Echelles de Tyr. C'est une plaine de 40 kms de long et de 12 kms de large qui se trouve entre la mer et les collines de Galilée. Deux villes importantes se trouvent sur la côte Achziv et Akko (=Saint Jean d'Acre).

 

Au sud d'Akko la plaine s'élargit de manière notable et des villes anciennes ont pu s'implanter là, bénéficiant de conditions agricoles favorables (Tell el Gharbi, Tell Keisan).

 

La côte cependant s'incurve pour former la ville de Haïffa qui a l'inconvénient de connaître un ensablement important. En effet, le promontoire du Carmel qui pénètre dans la mer rencontre des courants marins chargés de sable et d'alluvions qui se déposent au nord du Carmel. Par voie de conséquence la large bordure de sable bloque le cours des Wadis qui ne peuvent que difficilement se frayer un chemin jusqu'à la mer, d'où la présence de marécages qui existaient autrefois.

 

Deux rivières sont à mentionner : la rivière d'Apheq et la rivière Kishôn qui longe les pentes nord-est du Carmel (cf. Jg 4/7, 13 ; 5/21).

 

La plaine d'Asher ne joue aucun rôle dans l'histoire biblique. On explique cela par le peu d'importance de la tribu d'Asher. Une autre explication serait possible : la plaine d'Asher n'a pas été profondément israélite; elle est dans la mouvance de la Phénicie si l'on tient compte du témoignage archéologique. On doit, en outre, rappeler que Salomon a cédé cette région à Hiram de Tyr en échange des matériaux qui avaient servis à la construction du Temple et du Palais Royal ( 1 R 9/11-13).

 

2. La plaine de Dor

 

C'est une petite plaine très étroite, sans arrière-pays, coincée entre la mer et le Carmel. Territoire qui appartient à la tribu d'Asher, puis à celle de Manassé (cf. Jos 17/11), la plaine doit son nom à une ville portuaire, Dor, qui dès le XIè s d'après les textes égyptiens servait de port de relâche pour les bateaux venant d'Egypte et se rendant dans les ports de Phénicie.

 

Dans la Bible hébraïque cette région est désignée par un terme (naphat) presque intraduisible à qui on a attribué le sens de "hauteur" "crête", ce qui ne convient guère (Cf. Jos 11/2 ; 12/23 ;

1 R 4/11). Il se pourrait que l'on ait affaire à un mot étranger dû à la présence à Dor d'un peuple de la mer, les Tjeker, car en grec homérique, le mot napé (en hébreu naphat) désigne une plaine boisée, ce que la région devait être dans l'antiquité.

 

3. La plaine de Saron

 

Mentionnée 6 fois dans l'A.T. (Is. 33/9; 35/2; 65/10; Jos. 12/18; 1 Ch. 27/29; Ct. 2/1), cette plaine a 54 kms de long et 16 kms de large. Sa limite nord, si on se refuse de la prolonger jusqu'au Carmel, est normalement la rivière Tanninim (appelée plus tard Crocodilon). La plaine s'étend au sud jusqu'à une ligne allant de Jaffa à la vallée d'Ayyalôn.

 

 

Ce qui caractérise cette plaine, c'est la richesse de sa terre de couleur rouge, extrêmement fertile. A l'époque où les livres de l'A.T. furent écrits, cette région était couverte de chênes, d'où le parallèlisme fréquent du Saron avec le Liban ou le Carmel, autres régions célèbres pour leurs arbres. La luxuriance du Saron paraissait quelque chose d'extraordinaire, plutôt anormal, dépassant l'expérience ordinaire des paysans israélites. Quoique contrôlée par les Israélites, du moins à certaines périodes, la plaine du Saron ne fut pas vraiment utilisée. Les villes anciennes qu'on y fixe sont établies sur les limites de la plaine. Cela tient très probablement à la présence de marécages qui sont dûs à l'existence de lignes de dunes qui retiennent les eaux des wadis. Aujourd'hui l'irrigation permet d'exploiter les terres très riches du Saron.

La ville la plus importante dans l'antiquité était Aphek qui était appelée pour la distinguer des autres villes du même nom Aphek du Saron (Jos 12/18 LXX). Aphek était une ville-carrefour puisque de nombreuses routes partaient de là. Venant d'Egypte, la route de la côte passait par Asquelôn, Ashdod, Jaffa, puis s'inclinait vers Aphek, d'où on pouvait aller :

 

- soit à Meguiddo

- soit à Yoqneam-Akko

- soit à Haïffa par Shiqmona

- soit à Jérusalem via Lydda et Beth-Horôn

    

4. La Philistie

 

Au sud du Saron, avec comme limite nord le cours du Yarkôn commence le pays des Philistins ou Philistie qui finira par donner son nom à l'ensemble du pays que l'on appelle aujourd'hui encore Palestine.

 

La plaine ici se relève, il y a moins d'eau stagnante, moins d'arbres également, et l'influence du désert peut plus facilement s'y faire sentir. Cette région est, par contraste, avec les autres parties de la Palestine, largement ouverte, propice à la circulation, à l'implantation de villes, favorable à la culture des céréales (Jg 15, 1-5).

 

Au cours du XIIè s les Philistins, peuple de la mer qui avait cherché à envahir le Delta du Nil, furent repoussés par le pharaon Ramsès II et contraints de s'établir sur la côte de Canaan. Ils donnèrent leur nom à cette région qui se trouve au sud de Canaan, mais qui est proche de l'Egypte.

 

Cinq grandes villes qui formaient la Pentapole philistine se trouvent sur ce territoire : Gaza, Ashquelôn, Eqrôn et Gath.

 

b. la zone montagneuse

 

1. La Galiliée

 

Du point de vue de la géographie physique cette région peut se diviser en Haute et Basse Galilée si le nom de la Galilée est familier à nos oreilles à cause de sa grande fréquence dans le N.T. (le mot s'y trouve 62 fois), ce terme ne se rencontre que six fois dans l'A.T. En fait le nom de Galilée vient de Galil, nom commun qui signifie "district", "région"; il ne suggère pas un trait de géographie physique, mais relève du domaine de la géographie humaine si bien que le terme doit être déterminé par la désignation d'un groupe humain; ainsi en Jos.13/2 on évoque les "districts des Philistins".

 

L'usage du terme "Galilée" ne se laisse pas facilement préciser sur la base des textes de l'A.T., à vrai dire peu nombreux.

Le texte de 1 R 9,11 indique que Salomon donna vingt villes du pays de Galil à Hiram de Tyr; par la mention de Kabul dans ce texte et par la localisation de ce site au pied des collines qui dominent la plaine d'Akko, le mot Galil englobe ici la partie nord-ouest de la Basse Galilée qui regarde la mer. A la fin du Xe s. et au IXè s. si on tient compte de la date de la rédaction, le terme Galil existe, mais on ne sait avec précision sa valeur géographique.

 

En 2 R 15, 29 Teglat-phalasar III, roi d'Assyrie, s'empare en 732 avant J.C. de plusieurs villes dont Qedesh et Haçor, de Galaad et de la Galilée, tout le pays de Nephtali. Nous sommes à la fin du VIIIè s. avant J.C., mais le texte biblique passe de noms de ville à des noms de région et ces dernières font doublet : Galilée et pays de Nephtali. Sur le plan de la géographie historique l'usage de ce texte est délicat; la désignation biblique "tout le pays de Nephtali" (cf. Jos 20,7) n'est-elle pas plus ancienne que la désignation de ce même territoire par Galilée?

 

Pour la même époque on doit citer le texte difficile de Is. 8,23 où l'expression "district (galil) des nations" correspondrait à la province de Meguiddo dont parlent les Annales assyriennes selon une lecture souvent proposée depuis. On peut aussi y voir la partie nord de la Galilée qui fait face à la ville de Tyr et au territoire de Sidon, occupée par une population païenne.

 

En 1 Mac 5,15 cette région avec les villes de Ptolémaïs, Tyr et Sidon comme repères toponymiques est appelée Galilée des nations et le texte distingue cette "Galilée des nations" de la Galilée juive (5, 14, 17,20). Cette distinction reflète le point de vue de l'auteur du livre.

 

En jos 12,23 b on a un texte difficile qui peut se lire : le roi des Goïm en Galil; ce roi est inconnu à moins de rapprocher l'expression de celle de Jg 4,2,13,16 où Sisera habite Haroshet Hagoyyim. On pourrait alors supposer que la Galilée des nations soit un district de la région nord du pays, à rapprocher de Is. 8,23.

 

Par ailleurs plusieurs textes de l'AT parlent d'une "Qedesh en Galil, dans la montagne de Nephtali" (Jos 20,7; 21,32; 1 Ch 6, 61). Ce qualificatif semble tardif; on ne le trouve pas en Jos. 19, 32-39 qui décrit le territoire de la tribu de Nephtali.

 

Dans l'A.T. les quelques textes qui utilisent le terme Galil semblent désigner une partie de ce que nous appelons aujourd'hui la Galilée dont la désignation devient fréquente à partir de l'époque romaine. Les textes étant d'interprétation difficile, il n'est pas facile de préciser l'étendue géographique que l'on donnait au terme de Galil. L'important est de situer cette région telle que la comprend le N.T. en n'oubliant pas que Nazareth appartient à la Galilée.

 

2. La plaine de Yizréel ou d'Esdrelon

 

Au sud de la Basse Galilée se trouve la plaine de Yizréel dont le nom signifie "Dieu sème" et fait allusion à la fertilité du terroir. Le wadi qui porte le même nom que la vallée où il coule, court au pied des monts de Guelboé; c'est là que se trouve également une ville du même nom (Jos 19/18, etc) qui relève du territoire de la tribu d'Issachar.

 

Dans le livre de Judith la plaine reçoit le nom d'Esdrelon (Jdt 1/8 ; 3/9 ; 4/6), sans doute à partir de la période hellénistique mais il s'agit du même nom malgré l'adjonction du "d".

 

 

Cette plaine est un lieu de passage entre la vallée du Jourdain et le bord de la mer. A la limite sud de la plaine, mais la dominant parce qu'installées sur des collines, on a toute une série de villes importantes : Yoknéam, Meguiddo, Taanak, Yibleam sans oublier Beth-shân à l'est.

 

3. La montagne centrale

 

Si on met la montagne du Carmel (532m) qui constitue un éperon montagneux bien particulier et les Monts de Guelboé (520m) à l'est, la région montagneuse qui commence au sud de la plaine de Yizréel n'a pas de nom spécifique jusqu'à une époque récente. Les géographes la désignent cependant sous le nom de montagne de Manassé, lui donnant le nom de la tribu qui y prit place, mais ce n'est pas une désignation biblique.

 

Si aujourd'hui on désigne toute cette région sous le nom de Samarie, cette désignation ne se rencontre pas dans les textes de l'A.T. En effet la ville de Samarie a été fondée par Omri au IXe avant J.C. ( 1 R 16/34) et lorsqu'on parle de la "montagne de Samarie" en Amos 4/1 ; 6/1, il s'agit d'une désignation de la capitale du royaume du Nord qui se trouvait effectivement sur une grosse colline. Samarie est d'abord le nom d'une ville; il ne devient le nom d'une région qu'à partir de l'époque romaine, peut-être avant.

 

La cité la plus importante de cette région était, avant la fondation de Samarie, la ville de Sichem située dans une vallée et au carrefour de voies de communication. La ville était dominée par deux montagnes, au nord l'Ebal (940m) et au sud le Garizim (881m). Cette situation très remarquable est connue des auteurs bibliques qui y font allusion (Deut 11/29-30; 27/4 ss; Jos 8/30-35; Cf. pour l'importance de Sichem, Jos 24/1-28).

 

Cette région dite de Manassé n'est pas aussi inaccessible que voudrait le faire croire le livre de Judith (7/10); elle possède des communications assez faciles tant avec la plaine de Yizréel et la côte qu'avec la vallée du Jourdain grâce au wadi Far'ah. Plusieurs petites plaines intérieures offrent des possibilités agricoles non négligeables.

 

4. La montagne d'Ephraïm

 

C'est une désignation ancienne, très probablement pré-israélite, qui peut englober tout le massif montagneux entre Sichem et Béthel. Quel territoire ce nom désignait-il à l'origine? Il est difficile de le dire, mais la future tribu d'Ephraïm tire son nom de cette désignation.

C'est une région assez boisée où domine la cultre de l'olivier mais elle est plus difficile d'accès que la montagne de Manassé.

 

L'expression "montagne d'Ephraïm" (plus de 30 fois dans l'A.T.) est fréquente dans les textes (Jos 17/15; 19/50; 1 sm 1/1...) et peut englober la région de Sichem (Jos 20/7 ; 21/21) si bien que cette seule désignation peut couvrir toute la zone montagneuse du Centre.

 

Ce n'est que dans des textes tardifs que l'on rencontre l'expression "montagne d'Israël" (Jos 11/16, 21), par opposition à "montagne de Juda", mais cette désignation ne s'imposera pas. Seul le livre d'Ezéchiel utilise à plusieurs reprises l'expression "les montagnes d'Israël" ( au plur. Ez 6/2,3 ; 19/9 ; 23/28; 34/13 etc). Les villes principales à situer dans la montagne d'Ephraïm sont Béthel et Silo, villes israélites importantes à cause de leur sanctuaire.

 

 

 

5. La montagne de Juda

 

Sans qu'il y ait de séparation tranchée, la montagne de Juda s'étend au sud de la montagne d'Ephraïm et s'étend depuis le Tell Açur (1.016m) jusqu'au sud d'Hébron. Son altitude oscille entre 1.000 et 800 m pour s'abaisser graduellement au sud. Elle est limitée à l'ouest par le Bas Pays et à l'Est par le désert de Juda. Les villes principales sont : Jérusalem et Hébron.

 

6. Le Bas-Pays ou Shephelah

 

A l'ouest de la montagne de Juda on a une région de collines basses qui dominent cependant la plaine côtière ou pays des Philistins. Cette région a reçu en hébreu le nom de Sephelah d'une racine qui signifie "être bas". Ce nom lui vient des habitants qui se trouvaient sur les hauteurs environnantes, car on n'imagine pas que les gens de la côte aient pu donner ce nom. Le Bas-Pays s'étend de Guezer jusqu'à la hauteur de Beer-Sheba selon une ligne nord-sud. Il est possible, sans qu'on en ait une preuve décisive, que ce nom soit dû aux Judéens.

 

A cause de son caractère de zone-frontière cette région a eu une grande importance historique. Pour les habitants de la montagne de Juda, la Sephelah servait de glacis et donc de première ligne de défense contre les ennemis venant de la plaine côtière. C'est pourquoi toute une ligne de villes fortifiées tentait de contrôler les axes de pénétration que sont les vallées naturelles, routes toutes tracées pour pénétrer dans la montagne. On doit ici citer :

 

- la vallée d'Ayyalôn qui par Bethoron le Haut et Bethoron le Bas permettait de gagner Gabaon, puis Béthel ou Jérusalem, cf. Jos 10/10-15 - 1 Sm 14/31 - 1 Mac 3/13-24.

 

- La vallée du Soreq, rendue célèbre par les exploits de Samson (Jg 16/4), perce la région montagneuse comme un trident, ses trois piques dirigées vers Jérusalem.

 

Toute cette région fut fertile en évènements mémorables et on peut au moins citer la prise de l'arche et son transfert de Beth-Shemesh à Qiriat-Yearim (1 Sam 7/2 ; 2 Sm 6/2 ; Ps 132/6).

 

- La vallée du Térébinthe (Elah = w. es Sant), là où le géant philistin fut tuée par David (1 Sm 17/1-2), 19; 21/10).

 

- La vallée de l'Olivier (w.Zeita) qui constitue le chemin le plus court pour aller à Hébron à partir de la plaine.

 

- La vallée où coule le w. Qubeiba et où se trouve la forteresse de Lakish.

 

7. Désert de Juda

 

A l'est de la montagne de Juda s'étend le désert de Juda (Jg 1,16 ; Jos 15,61; Ps. 63,1). Il s'agit d'une zone de 80 kms de long et de 20 à 25 kms de large qui constitue le versant oriental de la montagne de Juda depuis le Djebel el Açur jusqu'au sud de la mer Morte.

 

Le Nouveau Testament appelle cette région "désert de judée" (Mt 3,1 ; Mc 1,4 ; Lc 3,2).

 

 

 8. Le Néguev

 

Au sud de la montagne de Juda commence une région semi-désertique. C'est avec difficulté que l'on atteint 300 mm d'eau par an dans la région autour de Bersheba et ce chiffre est encore plus bas au sud. Le désert commence tout près de là (désert de Sin). Cette région doit son nom à une racine qui signifie "être sec", bien qu'à la longue le terme finisse par désigner le sud. Cette zone assez vaste est divisée d'ouest en est en districts qui reçoivent un nom de la population qui y circulait au XI è - Xe s.

 

- Néguev des Kerethiens : 1 Sm 30/14

- Néguev de Juda : 1 Sm 30/14 ; 27/10 ; Jg 1/16

- Néguev de Caleb : 1 Sm 30/14

- Néguev des Qénites : 1 Sm 27/10

- Néguev de Yerahméel : 1 Sm 27/10

 

Avec le désert de Juda qui se trouve entre la mer Morte et la montagne de Juda, le Néguev est la région choisie par tous ceux qui sont en rébellion avec les autorités, cf. David d'après 1 Sm 23/14 - 25/43.

 

d. La vallée du Jourdain:

 

La dépression où coule le Jourdain a reçu plusieurs noms dans l'A.T. C'est tout d'abord "la vallée" ou "la plaine" (cf. Jos 13/19,27) qui s'applique aussi bien au creux de la mer Morte qu'à la dépression jordanienne. Le terme Arabah peut désigner aussi toute la dépression en tant que division générale de la Palestine (Dt. 1/7 ; Jos 11/2, 16. 12/1). Ainsi la route qui va de Jérusalem à Jéricho est appelée "chemin de la Arabah" ( 2 R 25/4). Pour se rendre en Juda à partir de Galaad on traverse la Arabah ( 2 Sm 4/7).

 

Cette vallée reçoit même le nom de Hak-Kikkor, littéralement l'arrondissement (cf. TOB : le district), en Deut 34/3 et s'étend jusqu'à Coar (cf. Gn 13/10).

 

A l'intérieur de cette dépression coule donc le Jourdain, dont le nom est ancien et n'est peut-être pas sémitique, bien qu'on puisse à partir de l'arabe y voir un nom venant d'une racine qui signifie "descendre à l'abreuvoir" (Abel, I , 475). Bien que le fleuve puisse être traversé en barque quand cela était nécessaire (cf. 2 Sm 19/18), on le traversait généralement par des gués (Jg 3/28 ; 7/24 ; 13/5 s.). Sauf au moment de la fonte des neiges, le fleuve n'est donc pas infranchissable, bien que les textes bibliques considèrent le Jourdain comme une frontière (Nb 34/12 ; Ez 47/18), car il faut traverser le Jourdain pour être en Terre Promise (Deut 2/29). Cependant aux yeux d'un étranger comme Naaman le Jourdain ne fait pas figure de grand fleuve ( 2 R 5/12). Signalons enfin que les abords du Jourdain étaient couverts d'arbres et de fourrés (cf. 2 R 6/1-7) et que des lions y trouvaient refuge (Jer 49/19 ; 50/44).

 

Si on laisse de côté le lac Houlé qui ne joua pas de rôle dans les récits bibliques et qui a aujourd'hui disparu, le Jourdain traverse le lac de Tibériade et se jette dans la mer Morte.

 

Dans l'A.T. le lac de Tibériade est d'abord connu sous le nom de "mer de Kinnereth" (Nb 34/11 ; Jos 13/27 ; 12/3). Ce nom lui vient d'une localité située près du lac et appelée Kinnereth et non pas de la forme du lac, celle d'une cithare.

 

 

Après l'exil (1 Mac 11/67) le nom ancien fait place à celui de Gennesar, ce qui signifie "le jardin du prince", nom de la plaine fertile qui entoure le lac à l'ouest. C'est ce nom (Mt 14/34 ; Mc 6/53 ; Lc 5/1) que l'on trouve dans les Evangiles qui utilisent aussi le nom de "mer de Galilée" (Mt 4/18 ; 15/29). Lorsque la fondation de Tibériade sera achevée en 30 après J.C., le lac appelé du nom de cette cité importante (cf. Jn 6/1 ; 21/1).

 



09/02/2007
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